Le genre est l’expression socioculturelle des caractéristiques et des rôles particuliers qui sont associés à certains groupes de personnes en fonction de leur sexe et de leur sexualité. Le genre fait référence à un ensemble de rôles, d’attitudes, de comportements et de valeurs socialement construits qui déterminent, dans une large mesure, les différences entre hommes et femmes dans l'accès aux ressources et au pouvoir, que l’on constate dans les domaines politique, économique et social.
Les relations entre les sexes sont des relations de pouvoir, qui impliquent une hiérarchie. Cette hiérarchie détermine, historiquement, la subordination des femmes. Ces inégalités déterminent les pratiques, la division sociale du travail, la transmission des valeurs sociales, et leur légitimité. L'inégalité entre les sexes commence dans la famille, à travers le processus de socialisation. La femme en tant qu’acteur de socialisation, produit, reproduit et perpétue, consciemment ou inconsciemment, les inégalités entre les sexes. Le PNUD (2001) indique que la discrimination des femmes au Mozambique est l'un des facteurs du taux élevé de pauvreté absolue, qui se reflète dans l'accès inégal aux ressources, et particulièrement, à la santé et l'éducation.
Conscient du fait que l'infériorité des femmes est un phénomène social et non naturel, et désireux de se conformer à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, adoptée par l'Organisation des Nations Unies en 1979, le Mozambique a approuvé la loi n ° 29/2009, du 29 Septembre 2009 (Loi sur la violence domestique contre les femmes). Selon les statistiques, les femmes représentent plus de la moitié de la population du Mozambique et environ les deux tiers habitent dans les régions rurales et suburbaines. De ce fait, elles sont majoritairement insérées dans l'agriculture de subsistance et dans le secteur informel de l’économie. Le «Plan d'action pour la réduction de la pauvreté absolue (PARPA II) » pour la période 2006-2009 constate : « environ 52% de la population mozambicaine sont des femmes dont 72,2% vivent en milieu rural et 23,2% sont chefs de famille. Malgré des améliorations importantes dans le secteur de l'éducation, la proportion de filles doit être améliorée dès le primaire, en particulier dans les provinces où leur part est encore inférieure à la moyenne nationale » Parmi la population adulte, le taux d'analphabétisme est plus élevé chez les femmes, 71,3%, que chez les hommes, 43%. Les femmes sont également plus vulnérables au SIDA en raison des agressions sexuelles dont elles sont victimes (PARPA II).
En ce qui concerne la santé sexuelle et reproductive au Mozambique, la pauvreté et l'inégalité des sexes auxquelles s’ajoute le manque d'accès à l'information sur des droits des femmes, conduisent à priver les femmes de toute capacité à négocier des pratiques sexuelles sans risque. La plupart des hommes n'acceptent pas les méthodes contraceptives, en particulier les préservatifs. En conséquence les femmes choisissent la pilule et se trouvent exposées aux maladies sexuellement transmissibles. Il n’existe pas de planification familiale pour éviter les grossesses non désirées, et c’est la population vivant dans une grande pauvreté qui supporte les conséquences les plus graves de cette carence. L'existence de la Loi n º 29/2009, établit la protection légale et contribue à créer un environnement favorable à l'élimination de tout type de violence envers les femmes. Mais pour être effectivement appliquée, elle devra se traduire par des politiques publiques tournées vers la protection réelle des femmes. Il faudra, également, que d’innombrables procédures judiciaires en cours trouvent une issue favorable aux femmes.
Parallèlement, la Loi doit être largement médiatisée (radio, journaux, télévision) dans toutes les couches de la population et plus spécialement au niveau des jeunes. Le niveau élevé de pauvreté aggrave l'inégalité des sexes et la vulnérabilité des femmes mozambicaines. La population étant très majoritairement rurale et l’économie essentiellement paysanne, l’urgence est de mettre en place une nouvelle stratégie de développement agricole afin d'augmenter la productivité. Il s’agit en priorité de moderniser les techniques de production (engrais, semences sélectionnées, traction animale et irrigation), de développer l’utilisation de l'énergie électrique et l’accès à l'eau. Ces objectifs ne pourront être obtenus qui si le Gouvernement intervient activement dans l’octroi de crédits, dans l'expansion du réseau de commercialisation des excédents agricoles et s’il promeut des politiques de recherche et de vulgarisation.
Le Mozambique a encore un long chemin à parcourir pour améliorer la condition des femmes de manière à ce qu’elles occupent la place qui leur revienne en tant que membres à part entière de la société.