Croire en Dieu et pratiquer sa foi a beau relever de la sphère privée, la question du fait religieux se pose aussi de plus en plus régulièrement sur le lieu de travail. C'est ce que montre les résultats d'une enquête menée conjointement par l'institut Randstad et par l'Observatoire du fait religieux en entreprise (Ofre).
Réalisée entre février et mars 2015 auprès de 1 296 salariés exerçant pour la plupart (93%) des fonctions de cadre, l'étude révèle que la religion est devenue, en l'espace d'une année, une question de plus en plus abordée entre les salariés.
Alors qu'ils n'étaient que 12% l'an dernier à se dire confrontés régulièrement au fait religieux dans la sphère professionnelle, les managers sont désormais le double (23%) à constater que la religion s'est invitée dans l'entreprise.
Les conflits autour de la religion (6%) sont aussi plus nombreux : ils ont doublé en l'espace d'une année et triplé en deux ans. Près de la moitié des cadres interrogés affirme ainsi gérer au moins occasionnellement une situation liée à la religion.
Selon l'étude, les sujets religieux évoqués les plus fréquemment en entreprise concernent les demandes d'absence pour une fête religieuse (19%), le port de signes religieux distinctifs tels que les croix, la kippa ou le foulard (17%) et les demandes d'aménagement d'horaire (12%).
De manière plus épisodique, les managers peuvent être confrontés à des demandes de prière pendant les pauses, voire pendant le temps de travail. Certains ont aussi dû essuyer le refus de certains salariés de travailler avec une femme, ou réfréner des élans de prosélytisme.
Toutefois, ces cas restent des exceptions, notent les auteurs de l'étude, puisque 94% des cas rencontrés ont pu être réglés sans conflit ni blocage.
D'après les auteurs de l'étude, le développement des crispations autour du fait religieux en entreprise est en grande partie dû aux attentats qui ont secoué la France en janvier dernier. Se sentant stigmatisés, certains pratiquants ont, dans une logique d'"implication défensive", affirmé avec plus de force leur religion sur leur lieu de travail, explique le président de l'Ofre Lionel Honoré.
De leur côté, les managers peinent souvent à savoir comment réagir face aux questions religieuses en entreprise. Craignant d'être accusés de discrimination, ils "se mettent plein de barrières", estime la responsable chez Randstad Aline Crépin. Interrogée par Le Parisien , elle estime que "ce serait presque plus facile pour eux de traiter une demande d'absence pour aller pêcher que pour motif religieux".
Pour les aider à faire face à ce genre de problématique, certains grands groupes, comme Casino, se sont saisis de la question après discussion avec les partenaires sociaux. Et ont, par exemple, édité un petit fascicule à l'attention des managers afin de leur donner les clés de résolution des conflits liés à la religion en entreprise.
>> Laïcité au travail : comment gérer les convictions religieuses dans l'entreprise ? <<