Autorisée dans la plupart des pays européens, la congélation d'ovocytes est très limitée par la loi française. "La législation française autorise l'auto-conservation d'ovocytes uniquement pour des raisons médicales, par exemple, avant un traitement potentiellement stérilisant ou pour des femmes souffrant d'endométriose, de cancer ou lors de FIV", expliquait il y a quelques mois le docteur Joëlle Belaisch-Allart, chef du service de gynécologie obstétrique à l'Hôpital de Saint-Cloud également présidente de la Société française de gynécologie et vice-présidente du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens français dans une interview à Terrafemina.
Pourtant, l'allongement de la durée des études, le démarrage d'une carrière et le célibat rendent les désirs de grossesse plus tardifs. Les consultations pour infertilité se multiplient chez les trentenaires et congeler leurs ovocytes devient une "assurance" pour l'avenir qui séduit de plus en plus de femmes malgré le coût (environ 2 000 euros pour la procédure médicale et la conservation de ses ovocytes) et la restriction de la loi française (il faut se rendre à l'étranger, dans les pays où la pratique est légalisée, comme en Espagne ou en Angleterre).
Cependant, la principale raison de cet engouement des femmes pour la congélation de leurs oeufs ne serait ni l'allongement de leurs études, ni leur désir de progresser d'abord dans leur carrière - les femmes qui ont des enfants gagnent en moyenne moins que leurs homologues masculins d'où leur volonté d'évoluer professionnellement avant de tomber enceinte - ce qui pourrait nuire à leur taux de fertilité le moment voulu. Deux arguments bien réels mais néanmoins secondaires.
En effet, une nouvelle étude sur la congélation des ovocytes au Royaume-Uni, relayée par Marie-Claire UK, a révélé que, dans la majorité des cas, les femmes congèlent leurs ovocytes parce qu'elles sont célibataires et préfèrent garder leurs oeufs tout frais en attendant de rencontrer leur moitié.
"Les femmes interrogées n'avaient pas recours à cette technologie pour leur carrière, elles ne cherchaient pas nécessairement à retarder, ni à renoncer à la maternité, elles voulaient juste goûter à la maternité au bon moment, avec le bon partenaire", déclare la chercheuse principale Kylie Baldwin, du groupe de recherche sur la reproduction à la UK's De Montfort University, au Royaume-Uni.
Selon elle "l'utilisation de cette technologie par les femmes est souvent motivée par leurs relations avec les hommes". Or, explique le Dr Baldwin, elles ne cherchent pas seulement le bon partenaire, mais aussi le "bon père" potentiel pour leur enfant. "Elles veulent vraiment devenir parents avec un partenaire masculin qui soit engagé dans la parentalité, qui jouera son rôle de père et son rôle dans l'éducation, les plaisirs et les peines de l'éducation, équitablement".