L'après-Fukushima : ce que disent les candidats sur le nucléaire
Publié le 9 mars 2012 à 10:31
Par Marion Roucheux
Un an après l'accident catastrophe de Fukushima au Japon, et alors que 75% de l'énergie française est issue de l'atome, quelles sont les propositions des candidats à l'élection présidentielle sur la question nucléaire ? Florilège de leurs annonces depuis le 11 mars 2011.
L'après-Fukushima : ce que disent les candidats sur le nucléaire L'après-Fukushima : ce que disent les candidats sur le nucléaire© iStockphoto
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FRANÇOIS BAYROU : Définir le « mix » énergétique

Le 29 novembre 2011, le président du MoDem François Bayrou accorde un entretien au journal la Tribune. « La première menace, c’est celle du réchauffement de la planète par l’émission de gaz à effet de serre due à l’utilisation massive de carburants fossiles. De manière stupéfiante, ce débat semble avoir disparu. La question du nucléaire doit être étudiée à cette aune ». Il ajoute : « pour le nucléaire, si nous avions de vraies assurances sur la sécurité des centrales, je considère que ce serait une bonne énergie de transition entre la situation actuelle et l’énergie la plus décarbonée possible dans trente, quarante, cinquante ans ». Le candidat centriste continue : « pour autant, les politiques ont le devoir de poser deux questions sur le nucléaire. Première question : est-ce que les opérationnels sont capables (…) à 1000% d’interrompre la réaction nucléaire s’il y a un accident ? Deuxième question tout aussi importante : existe-t-il un scénario crédible à l’échelle des prochaines générations de retraitement des déchets nucléaires ? Il faut donc organiser un débat national autour du « mix » énergétique. Nous avons le droit et le devoir comme nation d’y réfléchir, de trancher au Parlement ou par référendum ».

FRANÇOIS HOLLANDE : « Réduire à l'horizon 2025 la part du nucléaire dans la production d'électricité de 75% à 50% »

François Hollande souhaite « réduire à l'horizon 2025 la part du nucléaire dans la production d'électricité de 75% à 50% » et « faire monter celle des énergies renouvelables, tout en maîtrisant notre consommation ». Le candidat socialiste annonce dans Le Monde du 28 novembre 2011 qu’il compte « préparer cette transition autour de quatre principes : l'indépendance, la sécurité, l'emploi et le pouvoir d'achat. Elle n'est pas seulement une nécessité pour le développement durable ou une protection par rapport aux risques. C'est surtout, si nous savons la saisir, une opportunité économique ». M. Hollande prend également quatre engagements pour son quinquennat en cas d’élection : l’arrêt de la centrale de Fessenheim, le chantier de Flamanville avec le nouveau réacteur EPR sera conduit à son terme, la préservation du système de retraitement des déchets et de la filière qui l'accompagne et enfin il s’engage à ce qu’aucune autre centrale ne soit lancée durant son mandat.

EVA JOLY : La sortie du nucléaire : un « devoir éthique et moral »

La candidate écologiste à la présidentielle, Eva Joly, a salué mardi 31 janvier le rapport de la Cour des Comptes sur le coût du nucléaire, estimant qu'il donnait de « très solides arguments » pour la sortie du nucléaire. « Les vraies solutions sont l'éolien, le photovoltaïque, le biogaz, la biomasse... et (que nous sortions) du nucléaire car nous en avons le devoir éthique et moral », a-t-elle déclaré. « La sortie du nucléaire s’impose pour [ces] raisons : le risque inacceptable d’un accident majeur comme à Tchernobyl ou à Fukushima, la production de déchets radioactifs (…) et la mise en place d’une production d’électricité hyper-centralisée et antidémocratique », expliquait-elle le 12 mai 2011 dans sa première version du programme d’EELV 2012 « Vivre mieux vers une société écologique ». « Les écologistes proposent l’arrêt immédiat de la production du plutonium, du retraitement ainsi que des transports de déchets nucléaires (…). L’arrêt progressif mais définitif de 58 réacteurs nucléaires français ».

MARINE LE PEN : Sortir du nucléaire « aujourd'hui » serait « une folie »

Le 21 février 2012, Marine Le Pen est interrogée par le magazine « Terra Eco » sur son programme environnemental. « L’État doit rester propriétaire des acteurs de l’industrie nucléaire. L’entrée du privé est un danger majeur. Par définition, le privé recherche la rentabilité, qui peut s’effectuer au détriment de la sécurité. On a bien vu a Fukushima l’importance de ce détail. Il faut investir massivement dans la sécurisation et dans la recherche et le développement », y déclare la candidate frontiste. Selon elle, « il n’y a aucune autre alternative crédible au nucléaire. Il faut cesser de se raconter des histoires ». En novembre 2011, elle avait déclaré sur BFM TV : « sortir du nucléaire » tout de suite « serait une folie », tout en convenant qu' « à terme » c'est une énergie « dangereuse » et qu'il faut avoir pour objectif de s'en « séparer ». Dans son programme, Marine Le Pen plaide pour l’investissement dans la recherche, « en particulier sur les dispositifs de sûreté du nucléaire et sur le rendement des nouveaux réacteurs destinés à remplacer ceux en fin de vie ». Elle se déclare également pour la poursuite de la construction de l’EPR de Flamanville.

JEAN-LUC MELENCHON : Trancher par référendum

Le 14 novembre 2011, lors d’un entretien sur BFM TV, le candidat du Front de Gauche Jean-Luc Mélenchon déclare : « vous savez, notre peuple est capable de comprendre que, sur des sujets comme ceux-là, il y va de notre intérêt à tous. Si nous pensons que le nucléaire est dangereux (…) alors on ne paiera jamais assez cher le fait de se protéger d’une catastrophe comme Fukushima ». « Que doit-on penser d’une énergie qui produit des déchets dont personne ne sait que faire ? », demande-t-il par ailleurs. Jean-Luc Mélenchon propose que la question nucléaire soit tranchée par « le peuple » via un référendum « qui propose deux scénarios » énergétiques. « Nous allons sortir du nucléaire, parce que le nucléaire à long terme est dangereux », déclarait-il déjà en février 2010, assurant qu’il est faux de penser que « nous sommes plus indépendants grâce au nucléaire ».

NICOLAS SARKOZY : « Le nucléaire est l’intérêt supérieur de la France »

Lors de son discours du vendredi 25 novembre 2011 sur la politique énergétique de la France, NICOLAS SARKOZY a affirmé : « le nucléaire n'est ni de droite ni de gauche, il est l'intérêt supérieur de la France ». « Notre parc nucléaire constitue une force économique et stratégique considérable pour la France. Le détruire aurait des conséquences dramatiques », a ainsi déclaré le chef de l’État, avant d’évoquer le chiffre de 240 000 emplois supprimés et de demander : « avons-nous les moyens de détruire des centaines de milliers d'emplois en pleine crise ? ». Il a par ailleurs lancé : « pourquoi la France devrait renoncer à l'avantage compétitif d'une énergie moins chère ? Nous ne pouvons pas prendre le risque d'un mouvement massif de délocalisations ». Quant aux énergies renouvelables, cette filière n’a pas selon lui « vocation à venir se substituer à la filière nucléaire ». Parmi les propositions du président-candidat sur la question pour un éventuel second mandat : prolonger au-delà de 40 ans la durée de vie des centrales nucléaires et maintenir la centrale de Fessenheim. Par ailleurs, « un milliard d’euros seront consacrés à l’amélioration de la sûreté sur l’ensemble de la filière nucléaire ».

Crédit photo : iStockphoto

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est-ce que les opérationnels sont capables (…) à 1000% d’interrompre la réaction nucléaire s’il y a un accident ?
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