La commission « Energies 2050 » a remis lundi à Éric Besson le rapport que lui avait commandé à l’automne le ministre de l’Énergie. Les experts se sont prononcés pour une prolongation au-delà de 40 ans de la durée de vie du parc nucléaire français, la solution à leurs yeux la plus « optimale » et la « moins chère ». Ils estiment que des fermetures prématurées de centrales, décidées pour des motifs autres que la sécurité, feraient grimper les prix de l’électricité, les émissions de CO2 et détruiraient 150.000 emplois.
Le rapport a dressé un tableau noir des conséquences d’une réduction de la part de l’atome dans la production d’électricité de 75 à 50% d’ici 2030, prônée par les socialistes et les Verts, et conforte de fait le scénario du gouvernement. Il recommande aussi la construction d’un « petit nombre d’EPR » pour préparer la fermeture progressive des réacteurs les plus anciens.
Ces annonces ont soulevé de vives critiques chez les écologistes, notamment Greenpeace qui a trouvé « malhonnête de faire croire aux Français que l'option nucléaire serait la moins chère ». Allonger la durée des centrales reviendrait à « changer le moteur d'une voiture épave plutôt que d'acheter une voiture moderne qui pollue moins », a commenté Eva Joly, la candidate EELV à la présidentielle. La CFDT, associée aux travaux de la commission, a pris ses distances avec ses conclusions et dénoncé leur « exploitation politique ». Le gouvernement a, quant à lui, salué ce rapport qui soutient sa volonté de maintenir le nucléaire comme « socle » de la production d'électricité. « Nous devons à la fois préparer la prolongation de la durée de vie des centrales au-delà de 40 ans, et poursuivre le programme de construction des réacteurs de troisième génération EPR, avec un deuxième réacteur français à Penly, après celui de Flamanville », a plaidé Éric Besson.
Élodie Vergelati
Avec AFP
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