C'est enfant que Geraldine Mock, couramment surnommée « Jerrie », a attrapé le virus du pilotage, à l'occasion d'un vol dans le cockpit d'un trimoteur Ford lorsqu'elle n'avait que sept ans. Bien que l'idée d'une femme pilote paraissait complètement saugrenue durant sa jeunesse, dans les années 1940, « Jerrie » a choisi de réaliser elle aussi le rêve d'Icare... et de s'en donner les moyens. La jeune femme a suivi des études d'ingénieur et, bien qu'étant la seule femme de sa promotion, est sortie diplômée du lycée de Newark en 1943, puis s'est spécialisée en ingénierie aéronautique à l'université d'Ohio.
Ayant abandonné ses études pour se marier en 1945, Geraldine Mock n'a pas pour autant renoncé à ses amours ailés. Elle pilote son premier avion en 1958 et, en 1961, devient la première femme en charge d'un aéroport en Ohio, un poste qu'elle occupe pendant un an.
Et, surtout, en 1964, alors âgée de 38 ans et lassée de sa routine de femme au foyer, elle se lance dans une aventure extraordinaire : faire le tour du monde en avion et en solo avec pour tout appareil un Cessna 180 qui, certes rénové et équipé pour l'occasion, était vieux de 11 ans !
Partie de Colombus, en Ohio, le 19 mars, la trentenaire réussit à rallier le même point 29 jours et 22 escales plus tard, et ce malgré de nombreuses difficultés : conditions météo aléatoires, problèmes de radio et… même sexisme !
En arrêt dans un aéroport égyptien, les autorités locales ont de prime abord refusé de lui délivrer son visa, persuadées qu'elle ne pouvait être qu'une passagère et non pas une pilote. Exploit supplémentaire, « Jerrie » était mère de trois enfants, ce qui a conduit la presse à la surnommer « la mère de famille volante » (« The flying housewife »).
Cette femme courageuse et « humble » s'est éteinte à son domicile de Floride, mardi 30 septembre. Elle restera dans les mémoires comme une femme qui a su s'imposer dans un milieu d'hommes tout en réalisant ses rêves : faire le tour du monde, monter à dos de chameau devant les pyramides, apercevoir un éléphant au Sri Lanka et, surtout, échapper à un quotidien routinier et morne. Un quotidien de femme en 1964.