Las d'incarner un entraîneur de football, un assassin du XVIIIe siècle ou un soldat ? The Oldest Game propose d'incarner… une prostituée. Ce jeu vidéo, développé par des universitaires canadiennes, entend donner la possibilité au joueur de mener la vie d'une travailleuse du sexe. Loin des clichés sexistes et autres lieux communs véhiculés sur la prostitution par des jeux tels que Grand Theft Auto, par exemple, The Oldest Game (référence faite au « plus vieux métier du monde », ndlr) veut sensibiliser le public aux dangers qu'encourent les prostituées au quotidien.
Ainsi, ce jeu mis au point par une équipe de chercheuses de l'université Concordia de Montréal propose diverses missions : évaluer la dangerosité d'un client, surveiller les rondes de police ou encore signaler sa présence à un réceptionniste. Le joueur vit quant à lui dans la peau d'Andréa, une prostituée exerçant, au choix, à Toronto, Montréal ou Vancouver. « Le but du jeu (dont le trailer est disponible ci-dessous, ndlr) est simple : vous faire le plus d'argent possible et rester en vie », précise Metronews.
« Nous voulions créer un jeu qui va au fond du système et souligne la complexité de la situation, afin que les citoyens comprennent exactement ce qui est en jeu quand on parle de prostitution », précise Sandra Gabriele, l'une des créatrices du jeu, dans les colonnes de The Globe and Mail et alors que The Oldest Game a été créé en marge de l'adoption de nouvelles lois anti-prostitution au Canada, qui ont suscité un vif débat en décembre dernier.
En effet, la loi C-36, concoctée par le gouvernement conservateur et entrée en vigueur le 6 décembre dernier, interdit la publicité de services sexuels. Par ailleurs, elle rend illégale l'achat de services sexuels et criminalise les prostituées et leurs clients, selon les détracteurs du projet de loi de l'exécutif fédéral.
« Les prostituées qui vendent ces services sont à l'abri de poursuites, mais pas si elles sollicitent leurs clients dans la rue de manière à entraver la circulation, ou dans des endroits où il est raisonnable de s'attendre à y trouver des personnes mineures », indique Le Devoir. Une notion floue dénoncée par les travailleuses du sexe qui craignent que la nouvelle législation ne les force à travailler dans des endroits reculés et donc d'accueillir, potentiellement, davantage de clients dangereux.