« Mariage : acte solennel par lequel un homme et une femme établissent entre eux une union dont les conditions, les effets et la dissolution sont régis par les dispositions juridiques en vigueur dans leur pays ». C’est ainsi que Le Petit Larousse, l’un des dictionnaires français de référence, définissait le mariage l’année dernière. Mais alors que le Sénat vient d’adopter, par 179 voix contre 157, le premier article du projet de loi sur le mariage homosexuel, cette définition est désormais obsolète.
« Nous avons modifié dans Le Petit Larousse 2014 (qui sera publiée en juin 2013, ndlr) la définition du mot "mariage" en tenant compte du projet de loi en cours d’examen », a d’ailleurs confié Carine Girac-Marinier, directrice des Dictionnaires et Encyclopédies Larousse, à l’AFP. Dans la prochaine version, le mariage y sera donc présenté comme « un acte solennel par lequel deux personnes de sexe différent, ou de même sexe, établissent entre eux une union ». La version en ligne propose d’ailleurs déjà « un acte solennel par lequel un homme et une femme (ou, dans certains pays, deux personnes de même sexe) établissent entre eux une union. »
Mais le Larousse n’est pas le seul dictionnaire à avoir entériné cette évolution de la société, Le Petit Robert l’a d'ailleurs même devancé. En effet, depuis une dizaine d’années, ce dernier décrit le mariage comme une l’union « légitime de deux personnes dans les conditions prévues par la loi ». Une définition ouverte et universelle, qui devrait rester inchangée dans l’édition 2014, mais qui pourrait évoluer une fois la loi votée.
La situation est différente pour l’Académie française. Garante du bon usage de la langue depuis plus de trois siècles, l’institution définit le mariage comme « l’union légitime d’un homme et d’une femme formée par l’échange des consentements que recueille publiquement le représentant de l’autorité civile ». Pour Mathieu Pasqualini, directeur du cabinet du secrétaire perpétuel de cette autorité, il faudra attendre une « quinzaine d’années » avant que la définition ne soit amendée. « La philosophie du dictionnaire de l’Académie est d’enregistrer l’usage établi d’un mot, pas de précéder cet usage. Les académiciens se donnent le temps de la réflexion », fait-il savoir. Et d’ajouter : « Le sens des mots n’est évidemment pas figé. Si l’usage évolue dans la pratique et le langage, la définition de mariage pourra être revue. »