Les interrogations et les peurs liées à l'accouchement sont nombreuses et légitimes. Il n'y a qu'à se renseigner un peu sur la taille de l'aiguille d'une péridurale, imaginer sortir un melon d'une coquille de noix, et se faire à l'idée que le plus beau moment de notre vie doit être assombri par une séance de couture de nos plus intimes parties. Pour en rajouter un peu, la journaliste et essayiste Isabelle Alonso alerte sur un procédé pratiqué par certains gynécologues, appelé le « point du mari » ou « point de complaisance », qui consiste à recoudre un peu plus que nécessaire le périnée, histoire de resserrer le vagin de ces dames.
L'épisiotomie est un acte chirurgical dont l'efficacité est déjà très controversée. Il consiste à ouvrir le périnée pendant l'accouchement pour laisser passer l'enfant. Cette déchirure imposée concernerait toujours 47% des femmes en France, alors que des méthodes de préparation à l'accouchement permettant d'éviter d'en passer par là ont fait leurs preuves. Impossible de connaître la proportion de femmes accouchées qui auraient été victimes du point de suture de trop, qu'on pratique sans le dire aux patientes ou qu'on leur recommande pour satisfaire leur mari, mais l'ampleur du traumatisme ne fait aucun doute.
C'est l'écrivain Agnès Ledig, sage-femme de formation, qui signale le phénomène à sa complice Isabelle Alonso. « Je vous fais un petit point du mari, Madame ? Pour vous, ça ne change rien, mais votre mari sera content (...) Techniquement, il consiste, lors de la suture d‘un périnée déchiré, ou d‘une épisiotomie, à faire un dernier point supplémentaire pour resserrer l‘entrée du vagin, et permettre, lors de l‘intromission de Monsieur, un plaisir accentué. Pour lui. » Pour elles en revanche... Les forums de discussion fournissent des témoignages explicites : « J'ai terriblement mal maintenant lorsque je fais des câlins avec mon mari. Son sexe rentre très difficilement. je pense qu'il a effectivement fait ce qu'on appelle "le point du mari". je suis assez choquée de cette pratique.» Et le mari en question d'ailleurs l'est en général tout autant. Les témoignages dénoncent unanimement la désinformation et le désemparement des femmes qui ne retrouvent pas de vie sexuelle sans douleur après leur grossesse.
Pas besoin d'être aussi féministe qu'Isabelle Alonso pour prendre peur face à cette forme de chirurgie sexuelle pratiquée au dépens des femmes, dangereuse pour leur santé sexuelle et psychologique. La meilleure façon de la combattre reste sans doute de combattre le mal à la source : faisons la guerre à l'épisio !
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