C'en est peut-être bientôt fini de l'autorisation de porter le voile à la fac. C'est en tout cas le souhait émis par une mission « Laïcité » du Haut Conseil à l'Intégration (HCI). Celle-ci, dirigée par l'inspecteur général de l'éducation nationale Alain Seksig, a émis auprès de l'Observatoire de la Laïcité une douzaine de recommandations portant sur le port de signes religieux ostentatoires dans les lieux publics. D'après Le Monde, qui s'est procuré un exemplaire du document, ces directives font suite à de « nombreux contentieux intervenus dans tous les secteurs de la vie universitaire ».
Parmi la douzaine de propositions, émises pour la laïcité et le respect de la neutralité religieuse dans l'enseignement supérieur, une retient particulièrement l'attention : l'adoption d'une loi visant à interdire « dans les salles de cours, lieux et situations d'enseignement et de recherche des établissements publics d'enseignement supérieur, les signes et tenues manifestant ostensiblement d'une appartenance religieuse ». Sans être explicitement cité, c'est bien ici le voile islamique, porté par certaines étudiantes dans l'enceinte des universités et autre établissement du supérieur, qui est pointé du doigt par le HCI.
Dans son rapport, le HCI explique notamment que les atteintes à la laïcité dans l'enseignement supérieur « ne se sont pas raréfiées mais se sont banalisées ». Il y relate le « malaise d'un nombre croissant d'enseignants » face à des « symptômes de la montée de revendications identitaires et communautaristes, de fermeture, voire d'ostracisme, de refus de certains savoirs ». Et d'évoquer, dans certaines universités, « des demandes de dérogation pour justifier une absence, au port de signes d'appartenance religieuse, à des actes de prosélytisme, à la récusation de la mixité tant au niveau des étudiants que des enseignants, à la contestation du contenu des enseignements, à l'exigence de respect des interdits alimentaires, à l'octroi de lieux de cultes ou de locaux de réunion à l'usage communautaire ».
Pour justifier sa proposition d'interdiction du port du voile à la fac, le HCI invoque dans son rapport le code de l'éducation. Celui-ci indique que « le service public de l'enseignement supérieur est laïque et indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique ». Elle fait également référence la loi Savary de 1984, selon laquelle la liberté d'expression en milieu universitaire « ne doit pas porter atteinte aux activités d'enseignement et à l'ordre public ».
Remis en avril dernier par le secrétaire général de la HCI Benoît Normand au président du nouvel Observatoire de la Laïcité Louis Bianco, le rapport ne devait, selon ce dernier, « pas être communiqué avant la fin de l'année ». Cherchant « l'apaisement », l'Observatoire a émis de son côté l'intention de « faire sa propre religion ». Interrogé par l'AFP, il se réserve d'ailleurs le droit de ne pas tenir compte des recommandations du HCI, visiblement peu appréciées. Son président, Jean-Louis Bianco, n'a pas caché son « incompréhension » devant la teneur des recommandations du HCI. « Ce rapport n'engage que la mission laïcité du HCI qui n'est plus en fonction », a-t-il d'ailleurs indiqué, précisant que « cette question du port du foulard dans l'enseignement supérieur n'est pas à ce stade dans le plan de travail de l'Observatoire de la Laïcité ».
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