Un " slip " : le mot en lui-même est drôle. Et même un peu rétro, à l'heure des caleçons et des boxers. Alors un " Slip Français ", ça semble carrément loufoque. Tant mieux, c'est le genre d'idée que cherchait Guillaume Gibault pour créer à sa boîte. C'est autour d'un verre, avec un ami, que lui vient l'idée folle (mais drôle) de se lancer dans la commercialisation de sous-vêtements fabriqués en France. Le coton est lillois, les élastiques sont normands, et les étiquettes parisiennes. Avec sa charte graphique tricolore, ses slips aux surnoms tout droit sortis d'un nom de code OSS 117 (" l'Intrépide ", " l'Indomptable ", " le Vaillant ") et d'autres produits qui fleurent bon le terroir, comme des charentaises traditionnelles, la marque joue la carte de l'entreprise bien française. Avec un esprit digital bien senti...
Lorsqu'il créé son entreprise en 2011, Guillaume Gibault l'a compris : s'il veut s'imposer sur le marché, c'est au web qu'il faut s'attaquer. Aux réseaux sociaux en particulier. Fort de ses 4457 followers Twitter et de ses 28 630 Like Facebook, Le Slip Français réalise aujourd'hui 80% de ses ventes sur le web. Et réussi à buzzer avec des bons mots et des campagnes virales reprenant les codes de l'humour 2.0, comme le détournement de photo si cher aux internautes. Il faut dire que Guillaume Gibault s'est attaché à trouver " un produit taillé pour les réseaux sociaux ". En 2011, l'entreprise démarre avec des fonds propres et fait 40 000 euros de chiffre d'affaire en quelques mois. Les prévisions, pour 2013, visent plutôt les 900 000 euros : une belle évolution pour la jeune marque, qui embauche désormais en CDI et non plus en stage. De quoi rendre de bonne humeur le banquier du Slip, qui ne rechigne pas à prêter de l'argent à l'entreprise.
En 2013, Le Slip Français innovait avec un " slip qui sent bon " (grâce à des microcapsules de parfum dans la fibre), créé grâce au crowdfunding (22 000 euros récoltés). Pour 2014, des chuchotements évoquent une première levée de fonds, et la mise au point d'un slip antiradiations, pour protéger l'anatomie de ces messieurs des ondes du portable. Et toujours made in France ! Si la fabrication française fait partie de l'ADN de la marque, Guillaume Gibault avoue que le Slip Français a des velléités d'expansion internationales, permises par des aides à l'exportation de la Coface. Aujourd'hui, l'étranger représente 10% des ventes. L'entreprise aimerait que demain, ce pourcentage passe à 25-30%. Derrière cet objectif, le marché asiatique. Guillaume Gibault a une idée bien malicieuse en tête : vendre du made in France en Chine.
Prendre le temps de trouver une bonne idée, un concept fort.
Ensuite, ne pas hésiter à se lancer, et ne pas avoir peur de se planter, même si " ce n'est pas quelque chose qu'on apprend en école de commerce ".
Pour faire parler de soi, il est indispensable de faire levier avec les réseaux sociaux.
2009 : sortie d'HEC
Septembre 2011 : création du Slip Français
Mars 2012 : opération de communication autour de la présidentielle " Le Changement de Slip "
15 novembre 2012 : publicité virale " La surprise du chef ", un million de vues sans achat d'espace
2013 : lancement du slip qui sent bon
Retrouvez nos portraits de créateurs d'entreprise chaque lundi dans Le Parisien Économie