Pas question de voir repartir la fréquentation touristique de l’Égypte à la baisse. C’est en substance le message d’urgence qu’a voulu faire passer le ministre du tourisme égyptien, Hisham Zaazou, lors d’une conférence de presse à Dubaï. Membre du gouvernement formé autour du président islamiste Mohamed Morsi, le ministre est un indépendant, qui n’appartient pas au parti des Frères musulmans. « Les bikinis sont les bienvenus en Égypte où l’on continue de servir de l’alcool », a-t-il déclaré.
Entre 2010 et 2011, à la suite du « Printemps du Nil » et du départ du président Hosni Moubarak, l’Égypte avait vu sa fréquentation touristique chuter, passant de 14,7 millions à 9,8 millions de visiteurs, soit une perte d’environ trois milliards de dollars de revenus. Les craintes avaient été envenimées par les déclarations des salafistes, branche islamiste radicale, pendant la campagne des élections législatives en décembre 2011. Ceux-ci, qui prônent une stricte application de la charia, avaient appelé à interdire l’alcool dans le pays, y compris pour les étrangers, à bannir les bikinis sur les plages et à faire porter le voile aux touristes.
Dans un pays qui réalise 10% de son PIB avec le tourisme, le ministre Zaazou a affirmé avoir pris les devants et s’être entretenu avec les salafistes, qui représentent 23% des députés du Parlement. Ces derniers « ont désormais compris l’importance du secteur du tourisme pour l'Égypte », a-t-il déclaré, en concédant ensuite que certains membres de cette mouvance n’étaient pas d’accord avec cette ligne de conduite.
Il semblerait en tout cas que le parti majoritaire des Frères musulmans ait pris son parti et choisi de miser sur l’industrie touristique pour les années à venir : Mohamed Morsi aurait tablé, selon son ministre du tourisme, sur une hausse de 20% du nombre de touristes en 2013. Déjà, l’année 2012 avait marqué un rebond avec 11,56 millions de visiteurs. À plus long terme, l’Égypte se verrait bien accueillir 30 millions de touristes en 2022. Les plages de la mer Rouge et les temples d’Abou Simbel ne seront pas désertés de si tôt.
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