C'était en 1754. Brummell et Byron n'étaient pas nés. La reine Victoria ne régnait pas encore sur le glorieux Empire britannique. Les Treize Colonies ne s'étaient pas encore révoltées. C'est à cette date qui semble à juste titre si lointaine que fut fondé le Royal and Ancient Golf Club de St Andrews, en Écosse. L'établissement, l'un des plus anciens du Royaume-Uni, est également devenu l'un des plus prestigieux. C'était aussi l'un des derniers à n'accepter aucun membre de sexe féminin.
Une discrimination qui a heureusement pris fin le 18 septembre. La direction du club a consulté ses membres qui ont massivement voté oui. Sur 2.400 membres, environ 75% ont participé et 85% se sont prononcés en faveur de l'acceptation des femmes, qui étaient toutefois admises sur les greens mais ne pouvaient détenir de carte de membre. Un vote au résultat fracassant qui restera dans les annales, tout comme celui qui a eu lieu le même jour au sujet de l'indépendance de l'Écosse.
Selon la légende, golf serait l'acronyme de « Gentlemen only, ladies forbidden » (Réservé aux messieurs, dames interdites). Un mythe, certes, mais qui illustre bien la prédominance de l'homme dans ce délicieux sport : selon une étude du consultant KPMG parue en 2013, seul 14% des 1,2 millions de membres de clubs britanniques sont des femmes. La cause de cette inégalité serait à chercher, en partie, du côté des restrictions historiquement imposées au femmes. En effet, il fut un temps où la gent masculine était prioritaire pour obtenir des créneaux de jeu car ces messieurs travaillaient et n'avaient donc pas que ça à faire. Une situation qui a bien changé aujourd'hui et ce depuis plusieurs décennies, d'ailleurs.
Photographie d'archive du Royal and Ancient Golf Club.
Signe que les mentalités changent, seuls trois clubs anglais restent exclusivement masculins selon Le Point. Il s'agit du Honourable Company of Edinburgh Golfers de Muirfield (le plus ancien club au monde, fondé en 1744, qui avait déjà fait scandale), le Royal Troon et le Royal St George's. Mais ces clubs sont aussi parmi les plus influents, tout comme l'est le Royal and Ancient Golf Club de St Andrews. Dans une tribune, Alice Arnold, journaliste au Telegraph, accuse le club et ses votants de cynisme et d'opportunisme. « Les clubs réservés à l'un ou l'autre des sexes ne me dérangent pas tant qu'ils n'ont aucune influence publique […] Or c'est le cas du Royal and Ancient Golf Club de St Andrews. Non pas parce que c'est un club parmi d'autres, mais parce que c'est la 'maison' du golf. Et comme les autres sports, le golf est une industrie et beaucoup en vivent. D'après vous, pourquoi le club a t-il changé d'avis sur l'admission des femmes après 260 ans ? La réponse est à la fois triste et simple : l'argent ».