C'est un fait : à travail et à compétences égales, les femmes continuent, encore et toujours, à être moins bien rémunérées que leurs homologues masculins.
Ce n'est pas nous qui le disons, mais la DARES (Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques) qui, dans un rapport publié en 2012, affirme qu'à temps de travail équivalent, les femmes continuent en moyenne de percevoir un salaire de 24% inférieur à celui des hommes.
Elles sont aussi moins nombreuses à accéder à des postes à responsabilités : seules 24% d'entre elles occupent des postes de direction dans le monde, rapporte une étude menée par Grant Thornton et datant de 2013.
Pourtant, le sexisme en entreprise et le fameux plafond de verre ne sont pas les seuls responsables de la faible accession des femmes aux postes à responsabilités et aux hauts salaires. Selon une étude réalisée par le site de recrutement Monster publiée mercredi 21 mai, les femmes auraient des attentes moins élevées que les hommes lorsqu'il est question de leur salaire, et ce dès leur sortie des études supérieures : seules 33% des femmes interrogées estiment ainsi qu'elles vont gagner plus de 50 000 dollars (soit 45 000 euros) par an l'année de leur entrée dans la vie active, contre 48% des hommes.
Les étudiantes sont aussi moins sûres quant à leurs perspectives de trouver un emploi. Alors que 27% des élèves masculins se disent "absolument confiants" sur leurs chances d'être embauchés à la sortie de leurs études, seules 16% des jeunes femmes interrogées disent de même.
Selon les auteurs de l'étude, ce manque de confiance pénalise fortement les femmes dès leur entrée sur le marché de l'emploi. "Nous ne nous attendions pas à avoir un tel grand écart entre les hommes et les femmes", explique au Huffington Post Women Joanie Courtney, vice-président senior chez Monster qui a dirigé l'enquête.
Le phénomène pourtant, est loin d'être nouveau. Son nom ? Le "confidence gap", soit l'écart de confiance en soi qui sépare femmes et hommes sur le marché du travail. Persuadées d'être moins compétentes que les hommes, nombreuses sont celles qui freinent leurs ambitions personnelles sous prétexte que de toute manière, "elles n'y arriveront jamais".
Une précédente étude, réalisée en 2013 par l'institut britannique Chartered Management Institute établissait d'ailleurs un lien entre le manque de confiance des femmes au travail et le faible accès de ces dernières aux postes à responsabilités. "Faire des erreurs et prendre des risques sont souvent perçus comme des faiblesses. Beaucoup de filles brillantes sortent du système éducatif avec l'espoir d'atteindre la perfection, et une peur excessive d'échouer", notait alors les auteurs de l'étude.
Un point de vue partagé par l'auteure de Les femmes valent-elles moins cher que les hommes ? (Éd. Belin) Annie Battle. Interviewée par Terrafemina en novembre dernier, elle avançait qu'aujourd'hui encore, "les femmes s'interrogent sur leurs capacités et n'abordent qu'avec difficulté la question de la rémunération, qu'elles négocient rarement. Pour les employeurs potentiels, elles sont souvent, et a priori, soupçonnées d'absentéisme et de refus de mobilité".
Selon Annie Battle, 60% des femmes ne demandent pas d'augmentation. Pourtant, 75% d'entre elles ne sont pas satisfaites de leur rémunération.
C'est d'ailleurs pour cette raison qu'Ellen Pao, PDG par intérim du site participatif Reddit a décidé au début du mois d'avril de supprimer les négociations salariales lors des entretiens d'embauche. Dans un entretien accordé au Wall Street Journal, elle s'en justifiait alors : "Les hommes négocient plus dur que les femmes et parfois les femmes sont pénalisées quand elles négocient. Donc nous ne négocions plus avec les candidats dans notre processus de recrutement."
"Nous venons avec une offre que nous pensons juste, poursuivait la PDG de Reddit. Si vous voulez plus de parts dans l'entreprise, on vous laissera échanger du salaire contre des parts, mais nous n'allons pas récompenser les gens qui sont de meilleurs négociateurs avec plus de compensation."