Le taux d'absence des salariés du privé en France s'est établi en moyenne à 4,59% en 2016, quasiment stable par rapport à 2015 (4,55%), selon le neuvième baromètre du groupe de conseil Ayming, portant sur une base de 82.000 entreprises, et plus de 1,7 million de salariés.
Ce pourcentage, qui correspond à 16,8 jours d'absence par an, révèle cependant des disparités significatives selon les secteurs d'activité. Celui des services est le plus touché (5,48% contre 5,65% en 2015) quels que soient les âges, ainsi que la santé (5,04% contre 4,81% en 2015).
Mais il y a surtout des différences de taille selon le sexe des salariés. En effet, l'absentéisme des femmes est presque 50% supérieur à celui des hommes, avec un taux de 4,98% absentes contre 3,34% pour le masculin (4,18% et 3,72% en 2015).
A quoi doit-on un si grand écart ? "Avec le nombre de femmes peu qualifiées, le taux de femmes à mi-temps, dont le salaire sert d'appoint, ce sont elles qui s'absentent en premier dès qu'il y a un problème, comme un enfant malade", décrypte Aline Aubertin, présidente de l'Association française des femmes ingénieurs, et directrice des achats monde chez GE Healthcare.
Un arbitrage économique rationnel sur le moment, mais qui renforce à long terme le cycle vicieux qui mène à des carrières moins évolutives, et accentue les inégalités salariales entre hommes et femmes.
De plus, les enfants ne sont pas la seule cause qu'il faut avoir en tête. "Celles qui s'occupent des parents et des beaux parents vieillissants, ce sont aussi les femmes", poursuit Aline Aubertin.
En revanche, ce phénomène serait à tempérer chez les couples de cadres, où revenus et carrières sont plus équilibrés. "On constate même parfois le phénomène inverse, avec des maris qui s'absentent plus facilement, assure la présidente de l'Association française des femmes ingénieurs. Quand une femme dit qu'elle a la grippe, les managers se demandent parfois si ça ne cache pas un petit souci domestique. Quand un homme dit qu'il a la grippe, on pense que c'est vrai."
Concernant les secteurs d'activités les plus touchés par l'absentéisme, les explications sont ailleurs. "Ces secteurs cumulent à la fois les conditions de travail difficiles et une moins grande habitude de la mise en place d'actions de prévention, des situations de désengagement et d'usure professionnelle. [Les services et la santé] sont les deux seuls secteurs dans lesquels le taux d'absentéisme des moins de 30 ans est supérieur à celui des moins de 40 ans", soulignent les auteurs de l'enquête.
Les secteurs de l'industrie et du BTP sont en revanche les moins touchés (3,43%). Ils enregistrent une baisse de 1% par rapport à 2015, bénéficiant des "efforts de prévention réalisés", selon l'enquête.