D'accord, les scientifiques viennent de faire une découverte importante en matière de sexualité féminine : lorsque les muscles abdominaux sont sollicités, ils peuvent déclencher un ou des orgasmes. Sur les quelques centaines de femmes, âgées de 18 à 69 ans et toutes hétérosexuelles (pourquoi ? Les lesbiennes ne font-elles pas de vélo ?), la plupart ont eu plus ou moins conscience d'un orgasme en pratiquant un sport, sans avoir eu de fantasmes au moment dit. Des orgasmes « malgré elles », en quelque sorte.
L'étude s'interroge sur les mécanismes de ces orgasmes loin de toute activité sexuelle et s’ils ont un impact sur les femmes. Sans pouvoir encore établir de statistiques, les auteurs ayant pu recruter les femmes en 5 semaines seulement, ils suggèrent que possiblement les cas ne sont pas isolés.
On voudrait d'abord savoir pourquoi ils n'ont pas posé plus de questions à ces femmes ? Pourquoi ils n'ont pas poussé l'observation plus loin et demandé aux femmes, si, sans faire de sport, en contractant seulement les muscles pelviens et/ou ceux du périnée, on n'arrivait pas au même résultat ? Pourquoi ils n'ont pas demandé aux femmes si ces orgasmes avaient, ou non, un intérêt ? L'étude ayant été dirigée par une femme, on s'étonne de ce que cette scientifique, spécialiste des questions de sexualité féminine, ne profite pas des connaissances qu’elle a de son propre corps. A moins bien sûr qu’elle n’ait jamais cherché à contracter son périnée et qu’elle ne fasse aucun sport. Sinon nul doute qu’elle aurait senti cette douce vague de spasmes, que tant de femmes connaissent…
Nous avons déjà parlé de ce que les bienfaits de la masturbation ne concurrençaient pas ceux de la relation sexuelle avec l'autre ; de ce que, avec ou sans orgasmes, il y a, avec l'autre, des échanges moléculaires et une stimulation des cinq sens qui sont autrement plus bénéfiques et satisfaisants.
Qu’essaie-t-on de nous dire avec cette étude ? Le propos, en décorrélant l’orgasme de l’acte sexuel, est-il de savoir que les orgasmes s’obtiennent sans hommes, sans sex toys, sans les doigts ? Que nous allons ainsi nous affranchir de la relation à l’autre, dans une époque individualiste où le compromis n’est plus de mise ? Est-il encore de séparer complètement l’acte d’amour, d’un résultat qui jusqu’ici a été vécu comme une finalité (on fait l’amour, et la quête, pendant l’acte, est de faire monter l’excitation jusqu’à atteindre un pic) ?
Notre scepticisme nous pousse à croire, de façon tout à fait intuitive, que ces orgasmes, sans fantasmes ni relation à notre plaisir charnel, sont sans grand profit pour les femmes.
Mais notre optimisme se réjouit, lui, de ce que, en banalisant ainsi la faculté à avoir des orgasmes dans des actes du quotidien, on cesse ainsi de presser les femmes à reconnaître en elles des feux d’artifices qui parfois ne sont guère plus que des étincelles d’allumettes.
Ce qui ne diminue en rien la virilité des hommes et le plaisir à jouir des femmes.
Voilà, au final, une étude qui fait du bien.
Crédit photo : iStockphoto
Libération sexuelle, femmes et pouvoir
Masturbation : le plaisir solitaire à travers les siècles
Le désir est une question d’odeur
Les filles sexy sont-elles forcément sexuelles ?