Valentina Sampaio est une pionnière. Et ce n'est pas la première fois qu'elle ouvre la voie. En 2017, la mannequin brésilienne devenait la première femme transgenre à apparaître sur la couverture du magazine Vogue Paris. Deux ans plus tard, elle défilait sur le podium du défilé Victoria's Secret (pourtant très critiqué en matière de représentation). La mannequin de 23 ans continue à briser les barrières de la mode en 2020 : elle est aujourd'hui la première femme trans à poser pour le toujours très attendu Sports Illustrated Swimsuit Issue. Durant 56 ans, des beautés aussi classiques qu'Heidi Klum ou Tyra Banks avaient eu les honneurs de ce numéro annuel. Cette image renversante de Valentina Sampaio, férocement belle dans son bikini brillant, constitue donc un événement (et une nouvelle preuve que les normes sont en pleine mutation).
La Brésilienne, militante très active pour les droits de la communauté trans, a partagé sa joie sur son compte Instagram. Et a mis à profit cette plateforme pour adresser plusieurs messages politiques salutaires.
"Je suis excitée et honorée de faire partie du numéro iconique Sports Illustrated Swimsuit Issue. L'équipe a créé un nouveau numéro avant-gardiste en rassemblant des femmes belles et multi-talentueuses de façon créative et digne", s'enthousiasme-t-elle. "Je suis née trans dans un petit village reculé du nord du Brésil. Le Brésil est un magnifique pays, mais c'est aussi là qu'ont lieu le plus d'actes violents et de meurtres envers la communauté trans- trois fois plus qu'aux Etats-Unis."
La top rappelle ainsi le climat transphobe dramatique qui règne dans son pays natal, exacerbé par la présidence de Jair Bolsonaro, ouvertement hostile aux communautés LGBTQIA+. L'espérance de vie des personnes transgenres (à 80 % des femmes noires ou métisses issues des classes défavorisées) n'y dépasse pas 35 ans, comme le rappelle Le Monde.
Valentina Sampaio en a également profité pour marteler avec force les discriminations quotidiennes auxquelles doivent faire face les personnes transgenres. Et appeler à un changement des mentalités.
"Etre trans veut souvent dire être confronté·e à des portes fermées dans les coeurs et les esprits des gens. Nous affrontons les ricanements, les réactions apeurées, des violences juste parce que nous existons. Nos options pour grandir dans une famille aimante et tolérante, pour avoir une expérience fructueuse à l'école ou pour trouver un travail digne sont considérablement limitée et difficiles."
C'est à l'âge de 8 ans que Valentina Sampaio s'est identifiée en tant que femme transgenre, commençant à se faire appeler Valentina à l'âge de 12 ans. Bénéficiant du soutien de sa famille, entourée de parents "qui ont toujours été encourageants et très fiers", elle n'a pas non plus été victime de transphobie au sein de son école, ses camarades "la voyant comme une petite fille, avait-elle confié au New York Times.
En 2014, l'intolérance la rattrape : alors qu'elle avait déjà signé un contrat dans une agence de mannequins, une marque de vêtements la licencie en raison de son identité. Deux ans plus tard, elle foulait le catwalk de la São Paulo Fashion Week et sa carrière explosait. Une jolie revanche. Et ce n'était donc que le début...
Célébrant cette nouvelle victoire pour la visibilité des personnes transgenres, Anthony Ramos, l'un des porte-paroles de la Gay & Lesbian Alliance Against Defamation (GLAAD) a déclaré : "Sports Illustrated Swimsuit rejoint des institutions comme Girl Scouts of the USA ou Miss Universe en reconnaissant le simple fait que les femmes trans sont des femmes. Des femmes talentueuses comme Valentina Sampaio méritent d'être dans la lumière et qu'on leur donne des chances égales. Son travail pour Sports Illustrated Swimsuit est une étape significative pour que l'industrie de la mode continue son évolution inclusive."