Présidente du groupe du Rassemblement national à l'Assemblée nationale, Marine Le Pen, a déposé (en son nom) un amendement à la proposition de loi de La France Insoumise visant à constitutionnaliser l'IVG,dans le préambule de la Constitution, comme le révèle RTL. Autrement dit, de constitutionnaliser la loi Veil, inscrite au Code de la Santé publique.
"Pour le RN, cet amendement porte une proposition 'équilibrée' entre protection du droit à l'avortement, et 'encadrement des délais légaux' de l'IVG, ce que ne garantirait pas le texte porté par LFI, selon le groupe de Marine Le Pen", relaie RTL.
Un changement de direction plutôt étonnant de la part de ce parti qui n'avait jamais proposé d'initiative en ce sens - et a volontiers défendu une idéologie inverse.
"Il s'agit de protéger le droit tel qu'il existe aujourd'hui et ne pas constitutionnaliser un principe très vague qui pourrait ouvrir de nouvelles perspectives", a déclaré le député RN de la Somme Jean-Philippe Tanguy à France Info. Et ce alors, rappelle BFM TV, que Marine Le Pen affirmait encore le 13 novembre dernier ne pas comprendre "à quel danger doit répondre cette demande de constitutionalisation".
Rappelons qu'en 2012, Marine Le Pen entendait dérembourser les procédures qu'elle qualifiait d'"avortement de confort". Dix ans plus tard, elle expliquait au Monde que "cette agitation" autour de la constitutionnalisation du droit à l'avortement ne lui paraissait "pas justifiée". "Nous ne sommes pas les Etats-Unis et aucun parti n'envisage de changer notre législation", détaillait-elle au JDD, à l'unisson de Jordan Bardella, président du RN, affirmant : "Aucun mouvement politique sérieux ne remet en cause en France la loi Veil".
D'où la surprise engendrée par son adhésion à la proposition de constitutionnalisation. D'aucuns voient là une manière stratégique de dédiaboliser l'image du RN. Mais aussi, de se confronter à la France insoumise et au parti de la majorité présidentielle, Renaissance, qui vont également dégainer leurs propositions de loi constitutionnelle.
Sachant que son amendement a très peu de chance d'être adopté, comment Marine Le Pen se positionnera-t-elle sur la proposition de loi de la France insoumise ? Les 89 députés du Rassemblement national apporteront-il la preuve par leur vote qu'ils sont effectivement pour la défense de l'avortement ? La proposition de loi sera examinée ce 24 novembre dans l'hémicycle.