Le 8 mars, Marlène Schiappa a quitté le plateau de l'émission "C ce soir" suite à un échange tendu avec la cinéaste et militante féministe Andréa Bescond, déplorant l'inefficacité de l'action gouvernementale face aux violences faites aux femmes et aux féminicides.
Des remarques de trop pour l'ex-ministre chargée de l'égalité femmes/hommes, qui s'est exclamée la voix chargée d'émotion : "Franchement, je trouve ça juste honteux. Je suis désolée, mais je ne vais pas rester sur ce plateau. Me dire des choses comme ça, à moi... Me dire que je découvre les violences sexuelles... mais merde. Vous osez me dire les yeux dans les yeux, que je ne connais pas les violences faites aux femmes ? C'est lunaire".
Une séquence sur laquelle est revenue son interlocutrice. "Marlène Schiappa n'a pas supporté que je pointe l'incompétence du gouvernement concernant la gestion des violences en France", a affirmé sur Instagram Andréa Bescond, appuyant ses propos chiffres à l'appui : "94000 plaintes : moins de 1000 condamnations. Une femme victime de tentative de viol toutes les 7 minutes. 18 enfants violé.e.s toutes les heures. 80% des plaintes classées sans suite. Des multirécidivistes relâchés après des remises de peines constantes...".
Des protestations qui résonnent à l'unisson des nombreuses alertes des associations féministes émises ces dernières années.
L'an dernier encore, alors que la lutte contre les violences faites aux femmes était de nouveau érigée en "grande cause du quinquennat", Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, s'alarmait des chiffres glaçants des féminicides (122 femmes tuées par leur compagnon ou ex-compagnon en 2021) et proposait des solutions : "Il aurait fallu redoubler les efforts. Mettre plus de moyens. Nommer des ministres pour qui c'est important. En faire une priorité politique continue. Les féminicides c'est tous les ans".
"C'est pas un effet de mode. Il faut une volonté tenace pour y venir à bout", poursuivait la présidente. A l'unisson, les associations féministes insistent depuis des années, d'autant plus depuis les prémices du Grenelle des violences conjugales initié par Marlène Schiappa en 2019, sur l'importance d'agir, et vite : assurer une meilleure formation des forces de l'ordre et un meilleur accueil des victimes de violences (conjugales notamment), multiplier les centres d'hébergement, allouer un budget national d'un milliard d'euros afin de lutter contre les violences faites aux femmes...
"Quand on est ministre, on ne peut pas déclarer que l'Etat ne peut rien faire contre la violence de ces hommes, ce discours est intolérable. Le gouvernement doit augmenter les budgets de la police et de la justice pour empêcher la remise en liberté constante de ces hommes violents et leur réitération en terme d'agressions. Il est temps que le gouvernement cesse de se dédouaner et de prétendre qu'il agit", a conclu Andréa Bescond sur Instagram.
Des assertions qui ont recueilli beaucoup de réactions de soutien. Dans les commentaires notamment, de la part du compte militant Préparez vous pour la bagarre, qui décrypte le sexisme au sein des médias, de l'autrice Iris Brey ou encore, d'Enora Malagré : "Merci et bravo !", a commenté cette dernière.