Qui a dit que le milieu de l'automobile était réservé aux hommes ? À 51 ans, Mary Barra, actuelle vice-présidente du développement mondial des produits, des achats et de la chaîne d'approvisionnement chez General Motors (GM) vient d'être promue directrice générale du groupe. Son prédécesseur, Dan Akerson, 65 ans, occupait ce poste depuis septembre 2010. Il a décidé d'y renoncer, un cancer à un stade avancé ayant été diagnostiqué chez son épouse.
C'est la première fois qu'une femme est nommée à la tête de General Motors, le plus gros constructeur automobile américain. Dans un communiqué de presse, le géant précise que la quinquagénaire, qui prendra ses nouvelles fonctions le 15 janvier prochain, « a été élue par le Conseil d'administration pour devenir la prochaine directrice générale de l'entreprise » et « va entrer au Conseil d'administration ».
Mais aussi inédit soit-il, ce choix ne doit rien au hasard. Mary Barra est en effet un pur produit General Motors. Originaire de Detroit, ville emblématique de l'automobile aux États-Unis, elle voue depuis toujours un véritable culte aux voitures. Après des études d'ingénieur suivies à l'Université Kettering – qui a d'ailleurs longtemps porté le nom de GM Institute –, puis à Stanford où elle se perfectionne en gestion, elle rejoint General Motors en 1980, en tant que stagiaire. Pendant les 33 années qui suivent, elle multiplie les postes au sein de l'entreprise, passant successivement de la fabrication à l'encadrement sans oublier l'ingénierie ; et grimpant peu à peu tous les échelons hiérarchiques.
Un tel parcours ne pouvait pas laisser les dirigeants indifférents. D'ailleurs, pour Dan Akerson, la nomination de celle qui a été classée 35e au classement Forbes des femmes les plus puissantes du monde en 2012 était « inévitable ». Le sexagénaire a confié qu'elle était « l'un des dirigeants les plus talentueux » qu'il ait rencontré dans sa carrière. « La voir me succéder m'évoque une émotion comparable à voir ma fille obtenir son diplôme de l'université », a-t-il déclaré. Quant au groupe, il a d'ores et déjà témoigné toute sa confiance à sa future nouvelle directrice générale, affirmant qu'elle faisait « partie de ceux et celles qui ont mené le redressement du groupe, la revitalisation de ses produits, ce qui s'est traduit par le lancement de nouveaux produits acclamés par la critique, avec des niveaux de qualité record et une grande satisfaction des consommateurs ».
Preuve que cette nomination est une petite révolution dans le secteur de l'automobile - Mary Barra deviendra dans quelques semaines la première et seule femme au monde à diriger un groupe automobile d'envergure internationale -, elle est commentée par de nombreux observateurs qui y voient un changement de mentalité dans ce milieu ultraconservateur et le signe d'un recul du sexisme. En effet, inutile de préciser que les femmes se font rares dans cette industrie, et plus encore aux postes de direction. « General Motors est entre des mains plus que capables, comme l'ont prouvé certains des meilleurs produits lancés sous la responsabilité de Mary Barra », juge ainsi Jared Rowe, président de Kelley Blue Book, un cabinet d'études spécialisé. Et d'ajouter : « Maintenant que l'entreprise est libérée de l'actionnariat étatique, Mary peut continuer à développer des véhicules que les gens auront envie de conduire tout en continuant d'améliorer la rentabilité. » Un point de vue partagé par Anna Doyle, auteur de Powering Up ! How America's Women Achievers Become Leaders (Force montante : comment les Américaines battantes deviennent des dirigeantes) et ancienne directrice de la communication chez Ford. « C'est une immense ouverture dans le plafond d'acier », juge-t-elle. Quant à la principale intéressée, Mary Barra, elle semble confiante : « Avec un portefeuille de voitures et de véhicules lourds superbe et l'une des meilleures performances financières de notre histoire récente, c'est un moment excitant chez GM », a-t-elle simplement commenté.
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