Aujourd'hui, on l'imagine, charismatique, un sourire éclatant plaqué sur le visage, la mine victorieuse, les bras au ciel, comme en juillet dernier, alors qu'elle et son équipe célébraient leur victoire en plein New York. Et oui, Megan Rapinoe a encore gagné. Ce 2 décembre, l'attaquante de l'équipe américaine de football féminin a été sacrée Ballon d'Or. Au sein de ce classement, elle devance sa consoeur tout aussi "girl power", l'attaquante américaine Alex Morgan (en troisième position) ou encore la Française Wendy Renard (en sixième position). Pour Megan Rapinoe, ce Ballon d'Or est l'aboutissement d'une année placée sous le signe de la consécration internationale.
Il faut dire que c'est un beau palmarès que porte la meilleure joueuse de l'année (selon la Fifa), faits de doublés en pagaille, tel ce match contre l'Espagne (2-1 pour l'équipe américaine), les Bleues (de nouveau 2-1 pour la team US) ou encore les Pays-Bas (un fracassant 2-0). Cela étant, la championne garde la tête froide. Humble, elle salue du côté de France Football les vertus du collectif : "Mon équipe m'a mis en position de réussir et c'était en quelque sorte mon rôle d'être une attaquante, et de marquer les buts, et de prendre les pénaltys, et tout le reste", déclare-t-elle humblement au magazine sportif.
Pourtant, et sans fausse modestie, l'athlète de 34 ans peut largement se vanter d'avoir su marquer les consciences. Et cela va bien au-delà de cette récompense. En 2019, elle a enchaîné les gestes forts, de ses déclarations acerbes contre Donald Trump - dont elle a refusé l'invitation à la Maison Blanche - à sa défense des droits des personnes LGBTQ. Lors du défilé new-yorkais de juillet dernier, organisé en l'honneur de la victoire de l'équipe américaine à la Coupe du monde féminine de football, la victorieuse avait démontré toute l'éloquence de sa parole, engagée et sororale, en résumant en ces mots la composition de sa team : "Je ne pourrais pas être plus fière [...]. On a des cheveux roses et violets. On a des tatouages et des dreadlocks. On a des filles blanches et des filles noires, et tout ce qui est entre les deux. Des hétéros et des lesbiennes".
Megan Rapinoe, ce n'est pas qu'un profil iconique, avec ces cheveux courts et roses inspirés par le look de la comédienne Tilda Swinton, des paroles fédératrices qui électrisent les foules, ou encore une sportive dont la reconnaissance professionnelle n'est plus à faire. C'est aussi un symbole d'espoir pour une Amérique placée sous le signe de la division. L'an dernier, c'est une sportive tout aussi inspirante qui avait remporté le Ballon d'Or : la jeune joueuse norvégienne Ada Hegerberg, laquelle, tout en rappelant l'importance de l'égalité salariale entre sportifs et sportives, a récemment apporté son soutien à la militante écologiste Greta Thunberg.
Bref, voilà autant de victoires féminines enthousiasmantes qui, on l'espère, bousculeront quelques mentalités trop butées.