Benoît Ducos ne s'attendait certainement pas à finir au poste de la police aux frontières samedi 10 mars pour avoir secouru une migrante sur le point d'accoucher. C'est pourtant ce qui s'est passé.
Cet ancien pisteur-secouriste du domaine skiable a été interpellé samedi soir alors qu'il se dirigeait vers l'hôpital de Briançon pour y déposer une Nigériane enceinte et sur le point d'accoucher.
Les fait se sont déroulés vers 21 heures. Ce soir-là, une tempête de neige frappe le col de Montgenèvre à 1 900 mètres d'altitude, près de la frontière franco-italienne, où de nombreux migrants ont trouvé un point d'accès vers la France. Membre de l'association Tous Migrants, Benoît Ducos tombe lors de sa maraude sur un groupe de six personnes d'origine nigériane.
"Ils étaient au bord de la route après avoir marché dans la neige pour éviter le contrôle à la frontière. Il y avait une maman, portée par deux autres migrants parce qu'elle ne pouvait plus marcher, et le papa qui portait deux enfants", raconte Benoît Ducos au Dauphiné Libéré.
Engageant la conversation avec les migrants, Benoît Ducos comprend rapidement que la jeune femme, enceinte de huit mois et demi, est sur le point d'accoucher. Il décide alors de prendre tout le groupe dans sa voiture et de déposer la migrante enceinte à l'hôpital de Briançon.
Alors que la jeune femme se plaint de contractions de plus en plus douloureuses, la voiture conduite par Benoît Ducos est arrêtée peu après 22 heures à l'entrée de Briançon par un contrôle douanier. "Ils ont appelé le procureur, puis un officier de police judiciaire avant d'appeler les secours. Cela aurait pu se passer beaucoup plus rapidement. On a frôlé l'accident grave", a déclaré le pisteur à L'Express .
Selon lui, les secours ne sont arrivés qu'une heure après le début du contrôle, ce que conteste aujourd'hui la préfecture des Hautes-Alpes qui a affirmé que les pompiers ont été immédiatement sollicités.
Prise en charge par les secours, la jeune femme a été transportée à l'hôpital de Briançon où elle a accouché par césarienne d'un petit Daniel. Son mari et ses deux autres enfants de 2 et 4 ans ont dans un premier temps été amenés au commissariat de Briançon avant d'être conduits à l'hôpital où ils ont été pris en charge par le SAMU Social.
Benoît Ducos, lui, a été retenu au commissariat pendant un quart d'heure avant d'être à son tour libéré. À nouveau convoqué en audition libre par la police aux frontières ce mercredi 14 mars au matin, il va devoir s'expliquer au sujet du transport de personnes en situations irrégulières. Tous Migrants a appelé à un rassemblement de soutien à 9 heures pour protester de sa possible mise en examen pour "délit de solidarité".
"Si je vais arrêter les maraudes ? Non", a assuré Benoît Ducos au Dauphiné Libéré, qui dénonce une "situation insensée".