À 24 ans, Veronika Didusenko ne compte pas se laisser impressionner. Élue Miss Ukraine en 2018, la jeune femme a perdu son titre dans les jours qui ont suivi son élection après que les organisateurs aient appris que la miss était maman d'un petit garçon de 5 ans. Et ce, car le règlement Miss Monde interdit formellement aux mères de concourir.
Une discrimination "humiliante" et "insultante" que la miss ne compte pas laisser passer. Comme elle l'explique à Radio 1 Newsbeat, "les critères d'entrée pour Miss Monde sont discriminatoires... Ils n'ont plus lieu d'être au 21e siècle". La jeune femme a décidé d'attaquer l'organisation en justice, dans l'espoir de faire bouger les lignes et de pousser l'institution Miss Monde à évoluer : "Je veux les faire changer, les challenger. Je veux m'assurer que le règlement de Miss Monde soit en phase avec notre époque."
Mannequin de profession, la jeune femme reproche à l'organisation de Miss Monde d'enfoncer l'idée reçue selon laquelle une femme ne peut pas mener de front sa carrière tout en étant mère. "Être une mère n'a jamais eu aucun impact sur ma capacité à être professionnelle et de réussir dans mon job de mannequin", précise la top. Elle poursuit : "Je veux que le concours reflète la réalité des femmes aujourd'hui, qui peuvent parfaitement jongler entre leur vie professionnelle et leur vie de famille. Je ne me sens pas mal seulement à cause de mon histoire, mais à cause de l'histoire de milliers de femmes dans le monde qui, peut-être, aimeraient participer mais ne le peuvent pas car elles sont mères."
Si pour Veronika Didusenko, "ces règles n'ont aucun sens", Julia Morley - directrice générale de Miss World Organisation - un tel règlement se justifie à l'échelle mondiale. Elle expliquait ainsi en 2018 à Good Morning Britain : "Quand vous essayez d'avoir une organisation qui convient à l'échelle mondiale, vous devez consulter tout le monde et vous assurer que le règlement est acceptable pour eux. (...) Ce que l'Europe pense ou ce que je pense c'est une chose, le reste du monde lui peut avoir un avis différent (...). Nous devons prendre en compte tout le monde. Ce que nous essayons de faire c'est d'avoir une balance équitable."
Le bien-être des enfants, incompatible avec Miss Monde ?
Un autre argument avancé par le comité pour justifier son règlement : il est compliqué pour une jeune mère d'assurer l'éducation de son enfant tout en parcourant le monde. C'est ce qu'expliquait en 2014 la directrice de Miss Angleterre, Angie Beasley, selon qui "c'est injuste pour l'enfant et la famille d'éloigner la mère loin du foyer pour une année, pour justement aider des associations venant en aide aux enfants. Ça pose la question de qui s'occupera des enfants si une mère de famille gagne la compétition."
Un discours rappelant qu'encore aujourd'hui, dans l'inconscient collectif, l'éducation des enfants reste bien souvent une "affaire de femmes", accentuant au passage les inégalités hommes-femmes dans le milieu professionnel.
Le petit garçon de Veronika Didusenko a toujours suivi sa maman dans ses différents jobs de mannequin. "Il a visité tellement de pays à son âge. De mon point de vue, il est bien plus développé que les autres enfants (...) Donc l'argument voulant que Miss Monde s'inquiète pour le bien-être des enfants n'a pour moi aucun sens", poursuit Veronika Didusenko.
"Je veux que Miss Monde change son règlement et devienne plus inclusif. Les compétitions plus inclusives aident à briser les stéréotypes de genre, à créer des opportunités professionnelles et encourage l'empouvoirement féminin", poursuit la jeune femme. Un combat pour "célébrer toutes les femmes de façon égale" que la miss ne semble pas prête d'abandonner.