Depuis le 20 mai, François Ozon est la nouvelle bête noire des féministes. Le réalisateur français, en pleine promotion à Cannes pour présenter Jeune et jolie, son dernier film, a eu des propos provocateurs sur la prostitution. « Beaucoup de femmes fantasment de se prostituer. Ce qui ne veut pas dire qu'elles le font, mais être payé pour une relation sexuelle est quelque chose de patent dans la sexualité féminine. » annonçait-il ainsi au Hollywood Reporter. Des déclarations qui signent le premier scandale de Cannes 2013, ne manquant pas au passage de faire réagir certaines. Les Femen ont décerné la « palme d’or du connard » à François Ozon, tandis que Laurence Rossignol, porte-parole du PS, le conjure d’ « assumer [ses] fantasmes et ne pas nous les attribuer ».
On remet la palme d'or du connard 2013 à François Ozon! Toutes nos félicitations! #bisouscoeur buff.ly/10LWJFt
— Femen France(@Femen_France) 21 mai 2013
Toutes des putes-au moins dans leur tête.Mr Ozon,pourriez vous assumer vos fantasmes et ne pas nous les attribuer?@lisebouvet @thaliabreton
— laurence rossignol (@laurossignol) 21 mai 2013
Pour calmer la polémique, le réalisateur a posté un message sur son compte Twitter, prétextant des propos « maladroits et mal compris ». Il explique ainsi ne pas avoir voulu parler « des femmes en général » mais juste des personnages de son film. Un peu léger pour celui qui, la veille, affirmait que « le fait d’être un objet, de se sentir désirée, utilisée est quelque chose d’incontournable dans la sexualité féminine », et que les femmes seraient à la recherche d’une « certaine passivité ».
Propos maladroits et mal compris. Evidemment je ne voulais pas parler des femmes en général, juste des personnages de mon film.
— François Ozon (@francois_ozon) 22 mai 2013
Ce jeudi 23 mai, c’est Najat Vallaud-Belkacem qui réagissait sur le sujet au micro de BFM TV. « François Ozon nous présente un regard sur les femmes qui peut paraître réducteur ou trop généralisant », a déclaré la ministre des Droits des femmes. Les propos « fort maladroits » et « effrayants » du réalisateur banalisent la prostitution, et donnent à croire « qu’il y a une forme de légèreté dans la prostitution », explique-t-elle. « Légèreté et prostitution sont antinomiques », poursuit-elle. D’où la nécessité de pouvoir « entendre la voix des réalisatrices », pour avoir un regard de femme à femme, qui ne serait « pas du tout le même » que celui d’homme à femme. L'occasion de dénoncer au passage le manque cruel de femmes en lice pour la Palme d'or.
Victoria Houssay
Cannes 2013 : pour François Ozon, la prostitution fait fantasmer les femmes
« Elles » : Prostitution étudiante, nouvel emploi jeune ?
Prostitution : un homme loue-t-il son corps comme une femme ?
Les femmes rêvent-elles toutes de se prostituer ? (François Ozon)