Réunis autour de Michel Sapin, ministre du Travail, les membres de neuf réseaux féminins d’entreprise (1) ont présenté mardi les premières pistes de réflexion pour un « New business deal ». L’objectif ? Réinventer l’entreprise d’après crise, quand celle-ci l’a profondément modifiée. « Les stratégies ont changé, les liens entre managers et collaborateurs se sont fragilisés, le sentiment d’appartenance diminue et les salariés, eux, ont besoin de donner du sens à leur travail », constatait en effet mardi Julie Badiche, présidente du réseau C’avec Elles de Casino.
Pour répondre à ces défis, le Métaréseau a donc engagé cinq pistes de réflexion qui donneront lieu à la fin de l’année 2013 à une série de propositions concrètes opérationnelles et organisationnelles ainsi qu’à une charte dont tous les membres seront signataires. Et pour Michel Sapin, parrain de ce projet, les réseaux de femmes ont énormément à apporter sur la vision de l’entreprise d’après crise. « En se construisant en réseau, les femmes ont anticipé de nouvelles formes de travail en entreprise et ont un regard pertinent pour appuyer ces démarches collectives. » D’autant, a insisté le ministre du Travail, « qu'il faut poser dès aujourd’hui les bases de cette nouvelle entreprise : s’appuyer sur des nouveaux talents, les faire avancer, diversifier les perspectives d’embauche et de carrière, mais aussi adapter la formation et l’orientation. »
Première sujet d’étude envisagé par le Métaréseau, la réactivation de l’esprit entrepreneurial dans l’entreprise : « Non seulement par la présence d’incubateurs d’entreprise, mais aussi par celle de banques d’investissement, a ainsi expliqué Nilou Soyeux Du Castel, présidente du réseau Innov’elles d’Orange. Un employé pourrait ainsi financer et faire évoluer son projet. C’est une façon d’intégrer les compétences de chacun et de les mettre aussi à disposition de l’entreprise. » Des évolutions qui ne peuvent compter sans la redéfinition du rôle de manager, et donc, c’est la deuxième idée, sans une nouvelle façon de penser les hiérarchies. « Les collaborateurs doivent redonner du sens à leur travail, savoir pourquoi ils le font, a noté Catherine Olivier, présidente du réseau BNP PF. Quant aux dirigeants, ils doivent se rapprocher du terrain ».
Mais, au milieu de cette problématique se trouve le troisième point évoqué par Béatrice Honnoré, présidente de l’Observatoire des femmes et de l'assurance de Generali : les managers de proximité, aujourd’hui, sont trop peu valorisés. « Nous avons imaginé plusieurs pistes de réflexion comme une conception plus collaborative du travail, un allègement des processus de décision ou encore la création de réseaux de managers », a-t-elle développé. Mais, il faut aussi, c’est un quatrième champ d’étude essentiel, identifier et valoriser tous les talents de l’entreprise. « Et notamment les talents féminins, a insisté Anne de Blignières, présidente du réseau Alter égales de la CDC. Rappelons qu’il n’y a aucune femme CEO dans les entreprises du CAC 40. » Enfin, les membres du Métaréseau ont formulé une demande au ministre du Travail dans le cadre de leur dernière proposition « Faire vivre les Nouvelles Solidarités d’Entreprises » : « Nous souhaiterions un cadre légal pour un Droit Individuel à la Solidarité, soit la possibilité pour un employé de venir en aide à une PME ou TPE pour un certain nombre de jours attribués », a ainsi exposé Virginie Abadie-Dalle, présidente du réseau SNCF au féminin.
(1) PF au Féminin (BNP), Women Engaged for PSA, Observatoire des femmes et de l'assurance (Generali), C'avec Elles (Casino), Women's Energy (Schneider), Alter égales (CDC), SNCF Au Féminin, Innov'Elles (Orange), Women at Accor Generation.
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