Alors que 223 lycéennes sont toujours détenues par Boko Haram depuis leur enlèvement le 14 avril, le groupe islamiste aurait kidnappé au moins vingt nouvelles jeunes femmes, samedi 7 juin dans le nord-est du pays. Selon l'AFP, le rapt a visé une communauté peule, une ethnie majoritairement musulmane, dans le village de Garkin à 8 kilomètres de Chibok, où 276 lycéennes avaient été enlevées à la mi-avril.
[TODAY] Boko Haram militants kidnap 20 women near Chibok http://t.co/Np3f66ezkv
— Nigeria Newsdesk (@NigeriaNewsdesk) 10 Juin 2014
« Selon les informations disponibles, des hommes armés sont arrivés un peu avant midi (11H00 GMT), et se sont emparés de 20 femmes et trois jeunes hommes qui surveillaient le village », a indiqué Alhaji Tar, membre d'une milice d'auto-défense locale. Ce dernier précise que « tous les hommes étaient partis dans les champs pour faire paître leurs troupeaux quand les ravisseurs sont arrivés ». Les assaillants en auraient profité pour forcer les villageoises à monter dans leurs véhicules sous la menace de kalachnikovs.
L'incertitude plane encore sur le nombre exact de femmes enlevées, tant les chiffres avancés divergent. Un chef local de MACBAN (l'association d'éleveurs peuls de troupeaux au Nigeria, ndlr), parle ainsi de 40 jeunes mères emportées dans des véhicules vers une destination inconnue, dans une zone reculée de l'Etat de Borno.
« Ce n'est pas la première fois que des femmes sont enlevées dans cette région, poursuit-il. Elles sont relâchées uniquement quand nous payons la rançon en bétail aux ravisseurs ». Par peur de représailles, les villageois préfèreraient traiter avec les ravisseurs sans en informer les autorités. (Cliquez sur la carte pour agrandrir)
Carte interactive recensant les exactions de Boko Haram au Nigeria depuis 2003 jusqu'à aujourd'hui. © Jeune Afrique
Des autorités nigérianes quasi-absentes sur le terrain
Interrogé par les médias, le gouvernement nigerian indique suivre l'affaire depuis samedi dernier tout en assurant ne pas avoir eu connaissance de pratiques similaires par le passé. « C'est la première fois que nous entendons parler d'enlèvement de femmes peules et nous cherchons à établir les circonstances de cet enlèvement et décider des actions à entreprendre », a tenté de rassurer un responsable du gouvernement de l'Etat de Borno.
Cette attaque est une nouvelle illustration de l'instabilité qui règne dans la région nord-est du Nigeria, toujours vulnérable malgré les messages de fermeté adressés par le président Goodluck Jonathan à Boko Haram.
Sur le terrain, les autorités militaires seraient quasi-absentes rapporte le Wall Street Journal. Et le quotidien d'ajouter que la protection des citoyens et la prévention de nouveaux kidnapping ne seraient assurées que par des groupes de vigilance dépourvus de moyens. Armés de simples fusils, ces derniers ne pourraient faire face aux lance-missiles et armes lourdes dont dispose Boko Haram.
Le 1er juin, le groupe islamiste avait assassiné neuf personnes dans une église. « Nous vivons sous le siège de Boko Haram », alertait alors Mohammed Ali Ndume, sénateur de Gwoza également situé au nord-est du pays.