Le développement nucléaire en Iran inquiète fortement les pays occidentaux, d’autant plus que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a rendu hier son rapport sur cette question délicate. En effet, l’AIEA parle de « sérieuses inquiétudes concernant une possible dimension militaire du programme nucléaire » iranien, puisque Téhéran aurait apparemment cherché à développer un « dispositif explosif nucléaire ». Autrement dit, une bombe atomique. De plus, l’Iran aurait reçu l’aide d’un « réseau nucléaire clandestin », grâce notamment à un savant russe et des experts pakistanais. Le rapport de l’AIEA a donc de quoi faire réagir les pays occidentaux, qui pourraient décider de saisir le Conseil de sécurité de l’ONU.
La France est largement favorable à une prise en main du cas iranien par les Nations Unies. C’est ce qu’a affirmé le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, ce matin sur RFI : « Cette situation est inacceptable… Nous sommes décidés à réagir. Le Conseil des gouverneurs de l'AIEA doit condamner explicitement la conduite de l'Iran, la saisine du Conseil de sécurité s'impose aussi ». Le ministre parle même de « sanctions » contre l’Iran, car selon lui, son développement nucléaire représenterait « une menace sur la stabilité et la paix sur la région et au-delà ». Mais le chef de la diplomatie française n’est bien sûr pas le seul à montrer des signes de panique.
Les Etats-Unis pourraient eux aussi réclamer des sanctions supplémentaires à l’encontre de l’Iran : « Nous n'écartons aucune possibilité en ce qui concerne les sanctions. Nous pensons qu'il y a un grand éventail d'actions que nous pouvons entreprendre », a confié un responsable américain sous couvert d’anonymat. La présidente républicaine de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, Ileana Ros-Lehtinen, qualifie le rapport de l'AIEA de « preuve supplémentaire que les Etats-Unis et les autres pays responsables doivent prendre des mesures décisives pour empêcher le régime iranien d'acquérir l'arme nucléaire ». Côté démocrate, les réactions ne se sont pas non plus fait attendre, puisque le sénateur John Kerry estime que l’Iran n’a pas été « sincère » et devrait prochainement discuter avec le président Barack Obama des mesures à prendre.
L’Iran, quant à lui, rejette les conclusions du rapport de l’AIEA : « le rapport est déséquilibré, manque de professionnalisme et répond à des mobiles politiques », a déclaré Ali Asghar Soltanieh, représentant de l'Iran auprès de l'AIEA. De plus, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait affirmé que l’Iran « n’a pas besoin de la bombe atomique » pour affronter Israël et les Etats-Unis, les deux ennemis de l’ayatollah Khamenei, guide suprême de la République islamique d’Iran.
Nicolas Pouilley
(Source : AFP, lemonde.fr et leparisien.fr)
Crédit photo : AFP/Le ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi, le 8 novembre 2011 à Erevan
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