"Certaines d'entre elles (les femmes, ndlr) portent des robes courtes qui exposent leurs cuisses et déconcentrent les chauffeurs, qui finissent par provoquer des accidents et les gens à bord meurent", déclarait mercredi 19 janvier à l'AFP Patrick Opio Obote. Le président de l'Association des vendeurs ambulants de Lira, grande ville du nord de l'Ouganda, vient d'acter l'interdiction pour ses habitantes de s'asseoir à l'avant des camions en avançant cet argument hallucinant.
Une mesure qui prend effet "immédiatement", note encore le responsable et "même les épouses" des conducteurs sont concernées. Selon lui, c'est une décision qui émane d'un rigoureux examen des causes d'accidents de la route dans la région (le dernier ayant tué, le 10 janvier, 9 commerçants et fait 20 blessés). On y retrouve principalement la vitesse et l'indiscipline en premier lieu, et évidemment les femmes, dont certaines "emmènent les chauffeurs dans des bars pour boire de l'alcool", affirme encore l'homme.
C'est donc bien connu : mieux vaut les punir elles, que d'éduquer les chauffeurs à garder les yeux sur la route.
Pour Alice Mugwanya Kabijje, militante pour les droits des femmes, il s'agit ni plus ni moins d'une "attaque envers les femmes" et d'une preuve de "chauvinisme masculin" dramatique, par ailleurs illégale. Elle rappelle en outre à l'agence de presse qu'adopter un tel arrêt "est totalement contraire à la constitution de l'Ouganda, qui interdit d'empêcher un certain genre de participer librement au travail quotidien".
Et de poursuivre en épinglant le sexisme systémique qui transpire de cette déclaration : "imputer un accident de la route à une tenue vestimentaire est un raisonnement maladroit et un indicateur de la manière dont une femme est encore discriminée dans nos sociétés où les hommes préfèrent qu'elle reste dans la cuisine".