Le salon de beauté de l'autrice Melba Escobar de Nogales nous plonge dans la moiteur de Bogota. Karen, qui a eu son fils jeune, s'extirpe de sa ville de province et le laisse à sa mère pour tenter de réussir dans la capitale colombienne. Elle se fait engager à la Maison de Beauté, où toutes les riches femmes du pays viennent se faire épiler, masser et coiffer et où elles racontent leur petite vie de starlettes. Ces dernières lui jettent quelques piécettes en guise de pourboire, tellement peu que Karen ne sait pas comment elle pourra un jour faire venir son fils auprès d'elle.
Un jour, une adolescente entre dans le salon pour se faire épiler. Le lendemain, on la retrouve morte et Karen est la dernière à l'avoir vue vivante. Elle se retrouve malgré elle au centre de jeu de pouvoir de gros bras corrompus qui n'hésitent pas à utiliser des sommets de violence pour faire avancer leur chiffre d'affaires. Une seule personne va essayer de l'aider, Claire, une psychologue qui vient au salon.
Le salon de beauté est un must à se procurer cet été. On y retrouve une histoire qui en plus de raconter un meurtre, dépeint une société polarisée entre très riches qui se ghettoïsent et très pauvres qui tentent tout pour pouvoir s'en sortir. Mais dans ce monde injuste, ceux et celles qui n'ont pas les moyens sont toujours les perdants à moins de déplacer des montagnes et de se compromettre. Un polar à l'ambiance de telenovela noire comme on les aime.
Le salon de beauté de Melba Escobar, Editions Denoël ; collection Sueurs froides, 232 pages, 20€
On peut enquêter sur des meurtres et faire de l'humour. C'est ce que nous prouve la commissaire Romano dans La griffe du chat. Le corps du propriétaire d'un bar à chats de Lille est retrouvé avec une balle dans le ventre dans sa boutique tandis qu'un chat manque à l'appel. La veuve est plus éplorée d'avoir perdu son chat préféré qui a dû s'enfuir que par la mort de son mari. Ce qui a l'air d'un suicide au premier abord en est-il vraiment un ? L'assassin est-il un amoureux des félins au point d'embarquer le plus beau chat obèse du bar ?
On pourrait comparer la commissaire Romano à l'héroïne de la série de France 2, Candice Renoir, pour l'humour et sa vie de femme libre et sans entrave. Son sarcasme fait tout le sel du livre. A se procurer très vite pour une bonne tranche de rire policier dans le train.
La griffe du chat de Sophie Chabanel, Editions du Seuil, Collection Cadre Noir, 267 pages, 19€
L'héroïne de La fille derrière la porte, dont l'histoire se situe en Belgique, est au bout du rouleau. Son mari l'a plaquée en la trompant et en prenant leurs deux enfants avec lui. A 25 ans, Emmy n'a plus goût à la vie, ne se lave plus, ne mange quasiment plus. Un mystérieux corbeau lui a envoyé des lettres, ce qui la rend encore plus folle.
Une nouvelle voisine emménage dans l'immeuble. Léa va se lier d'amitié avec Emmy et lui faire remonter la pente. Mais plus qu'une simple relation amicale, les deux femmes vont signer un pacte et Emmy va se faire engloutir psychologiquement par Léna qui, sous ses airs d'adolescente fragile, cache bien des mystères.
L'autrice, Patricia Hespel, est une ancienne juriste belge. Elle nous embarque dans la folie destructrice de Léna. Tout comme Emmy, on se laisse prendre dans ce jeu d'emprise psychologique. Jusqu'à la dernière page, le dernier mot, où tout reste en suspens. La fille derrière la porte est un thriller de haute volée. Patricia Hespel se questionne aussi sur l'amour : peut-on aimer indéfiniment jusqu'à s'en faire mal et se détruire soi-même ?
La fille derrière la porte, Patricia Hespel, Pocket, 339 pages, 7,20€
Âmes sensibles s'abstenir. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'autrice américaine Karin Slaughter a le sens du suspense, du retournement de situation et de l'écriture de la violence. Une fille modèle est ce que l'on appelle un page turner. Un livre dont on veut absolument connaître la fin et qui nous tient de bout en bout.
Ce roman débute par un drame. Dans la famille Quinn, le père est avocat, la mère est une femme brillante qui transmet tout son savoir à ses deux filles, Charlie, treize ans et Sam, quinze ans. Un jour, deux hommes viennent frapper à la porte de la maison familiale alors que le père est encore à son bureau. S'en suit une véritable boucherie. La mère est tuée à la carabine, Sam est laissée pour morte, enterrée vivante, et Charlie réussit à s'enfuir dans de terribles conditions.
Presque trente ans plus tard, Charlie est devenue avocate aux côtés de son père. Elle a tiré un trait sur ce qui lui est arrivée enfant. Mais elle va se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment alors qu'une fusillade éclate dans un lycée de la ville : Kelly Wilson, 17 ans, tue un professeur et une petite fille. En essayant de résoudre cette affaire, elle va dénouer sa propre histoire et tenter de se reconstruire.
Même si l'on regrette parfois qu'il y ait un tout petit peu trop de dialogues, Une fille modèle est l'allié parfait pour la plage. L'autrice, qui a vendu des millions de livres, nous fait revivre la soirée fatale encore et encore pour en dénouer tous les éléments, d'un personnage à l'autre. Une matière en or pour une future adaptation au cinéma ? A lire si vous voulez un bon bouquin captivant pour déconnecter complètement pendant vos vacances.
Une fille modèle, Karin Slaughter, Harpers Collins Noir, 603 pages, 20,90€
Dans ce troisième tome des aventures de Constance Kopp, histoire vraie et romancée de la première shérif des États-Unis, on suit trois jeunes filles, dont celle de Constance. On y découvre la condition féminine en 1916, les carcans moraux qui les corsètent et leurs moyens d'y échapper. La justice punit alors les femmes pour s'être échappées de chez leurs parents et vivre la vie libre qu'elles souhaitent, mais laisse tranquille les hommes qui font de même. Constance Kopp, qui se fait l'avocate de ces filles, tente de les sortir de ces mauvaises passes. Mais il est aussi difficile pour elle de laisser sa propre fille vivre ses rêves professionnels de danseuse en tournée.
Il y a un petit peu de la journaliste Nellie Bly dans ce livre d'Amy Stewart. Cette pionnière du journalisme d'investigation s'était faite passer pour folle pendant dix jours pour enquêter et rendre compte du traitement des femmes en asile aux États-Unis à la fin du XIXe. On y retrouve de ses descriptions dans l'image que livre Amy Stewart des maisons de redressement où sont jetées les filles perdues pour la morale de l'époque.
Ce roman historique d'Amy Stewart nous rappelle qu'il y a pas si longtemps, les femmes n'avaient presque aucun droits, le corps et leur esprit devant se conformer à un idéal moral. Ses enquêtes sont aussi un vrai divertissement et une découverte des États-Unis du début du XXe siècle.
La justicière et les filles perdues, Amy Stewart, Editions 10/18, collection Grands détectives, 8,40€
Bonne lecture à toutes !