Pretty Woman, c'est le film culte des années 90 qui signait l'avènement de Julia Roberts, tout juste sortie de Mystic Pizza et future star en devenir. Un tournant majeur pour l'actrice, qui compte aujourd'hui une quarantaine de longs-métrages à son actif au cinéma.
L'histoire raconte le destin de Vivian Ward, prostituée dans un quartier de Los Angeles qui croise la route de Edward Lewis, riche homme d'affaires de 18 ans son cadet qui décide de la prendre sous son aile, dans sa luxueuse suite d'hôtel. S'en suit une virée shopping culte, des bains moussants et une romance qui marquera longtemps le coeur des ados qu'on était à l'époque.
Seulement maintenant, le film divise. Julia Roberts le confie d'ailleurs lors d'une interview avec The Guardian sur sa carrière : "Je ne pense pas que l'on pourrait faire ce film aujourd'hui, si ?" déclare-t-elle. "Il y a beaucoup de choses que l'on pourrait trouver à redire." Notamment dans une ère post-#MeToo.
La romantisation de la prostitution, la validation de Vivian comme seule prostituée qui mérite une vie meilleure parce qu'elle a un mode de vie "sain" (sa copine Kit, qui se drogue, "ne vaut pas le coup d'être sauvée", comme le pointe Katie Hail-Jares, membre du collectif Sex Workers Outreach Project, à CNN), l'éternel schéma selon lequel une femme doit être sortie de sa misère par un prince sur son fidèle destrier, ou sa Lotus grise : bref, un Cendrillon glauque qui finit bien, mais que huit actrices avant Julia Roberts avaient refusé - Meg Ryan, Sandra Bullock, Michelle Pfeiffer ou encore Sarah Jessica Parker.
Daryl Hannah, aussi pressentie pour le rôle, dira même en 2007 que "Ce film est vendu comme un conte de fées romantique mais en fait c'est l'histoire d'une prostituée qui devient une femme entretenue par un homme riche et puissant. Je pense que c'est dégradant pour la condition de la femme", comme le souligne Marie Claire UK.
Pretty Woman ne serait donc qu'une aberration misogyne qui célèbre le capitalisme et le consumérisme dans toute sa splendeur ? Pas si vite. Car d'autres estiment qu'il s'agirait en réalité d'un joyau féministe à ne pas balancer tout de suite dans la case déjà pleine à craquer des scénario sexistes d'Hollywood.
"Elle dicte la façon dont elle veut être traitée ; quand il lui offre le statut de maîtresse, elle lui impose le statut d'égale à part entière", écrit Brigit McCone dans un article pour le site de ciné féministe Bitch Flicks. Et d'ajouter "N'oublions jamais que le prince la sauve, mais qu'elle sauve aussi le prince".