Le fondateur de la société PIP est derrière les barreaux. Il a été arrêté ce matin à 7h, à Six-Fours dans le Var, dans la villa de sa compagne Dominique Lucciardi. Jean-Claude Mas est visé par deux procédures judiciaires, l’une pour tromperie aggravée qui devrait donner lieu à un procès correctionnel d'ici fin 2012, l’autre, ouverte par le parquet de Marseille en décembre 2011, est une information judiciaire pour « homicide et blessures involontaires », confiée à la juge d'instruction Annaïck Le Goff du pôle santé de Marseille. C'est dans ce cadre que le fondateur de PIP a été interpellé ce jeudi.
Jean-Claude Mas, ex-délégué médical reconverti dans le commerce lucratif des implants chirurgicaux (prothèses mammaires, implants fessiers, testicules en silicone ou faux pectoraux), a reconnu, lors d’une première interpellation en octobre dernier, « avoir sciemment utilisé un gel non homologué parce qu’il était moins cher, et selon lui « de bien meilleure qualité ». Le patron de PIP a en effet toujours nié la nocivité de ce gel de silicone, fabriqué à partir d’additifs de carburants industriels.
Arrestation de l’ex-directeur financier : Claude Couty
L’ancien numéro 2 de la société PIP a également été placé en garde-à-vue ce matin. Claude Couty, directeur financier, avait livré des informations sur l’escroquerie PIP lors d’une interpellation en octobre, confirmant les dires d’un autre cadre de la société. L’atelier PIP achetait un gel de silicone à 5 euros le litre au lieu de 35 euros pour le gel Nusil homologué. Mais M. Couty s’était très vite retrouvé obligé de payer les demandes d’indemnisation : en 2009, le nombre de ruptures des prothèses aurait augmenté de 30 à 40% selon lui. Harcelé par les courriers des chirurgiens et par le département commercial, il dit avoir « payé entre 60.000 et 70.000 euros », pour environ 100 à 150 patientes, a-t-il déclaré. L’entreprise PIP a été liquidée en 2010.
En France, 20 cas de cancers, dont 16 du sein, ont été enregistrés chez des porteuses d'implants PIP sans qu'un lien de causalité ne soit établi. Les autorités ont recommandé aux 30.000 femmes concernées de se faire retirer ces implants. Entre 400 000 et 500 000 femmes dans le monde portent des prothèses PIP, donnant à ce scandale sanitaire un retentissement international inédit.
La procédure pourrait s’avérer particulièrement longue avant un procès de Jean-Claude Mas et de son bras droit, donnant lieu à des batailles d'experts autour de chaque cas individuel.
Crédit photo : AFP
Scandale PIP : une nouvelle réglementation européenne dès mars 2012
Prothèses PIP : Jean-Claude Mas, escroc sans états d'âme
Prothèses mammaires PIP : « J'ai subi 5 opérations à cause d'un implant »
Prothèses PIP : le « boucher de la chirurgie » les utilisait
Prothèses PIP : La Ligue contre le cancer débloque un fonds d'urgence