Philippe Courtois, l’un des avocats des plaignantes dans l'affaire PIP, réclame l’analyse de prothèses directement prélevées sur des patientes. Une demande qui fait suite aux révélations de RTL hier. D’après la radio, les produits bon marché utilisés par PIP n’avaient jamais fait l’objet de tests cliniques, et étaient commandés à de grands groupes de chimie industrielle, comme cet additif pour carburants utilisés dans l’industrie du caoutchouc.
Les dernières analyses de l’Afssaps sur les prothèses PIP remontent à la perquisition effectuée en mars 2010 dans les locaux de la société Poly Implant Prothèses. L’utilisation d’un gel non conforme pour la fabrication des implants mammaires avait été mise en évidence, et la société liquidée. Un employé avait alors révélé aux enquêteurs que « le gel pour lequel PIP avait reçu une autorisation était stocké dans des cuves pour les contrôles, tandis qu'un autre, moins cher, lui était substitué dans la fabrication ».
L'avocat de Jean-Claude Mas, le fondateur de PIP, a démenti cette information lundi, lors d’un rendez-vous avec des représentants de l'Afssaps. Selon lui, le gel était constitué de « produits alimentaires, utilisés dans la composition des produits de beauté, achetés auprès de Rhône-Poulenc et de ses concurrents ». Jean-Claude Mas, 72 ans, a été entendu deux fois depuis 2010, mais n’a pas été mis en examen, il est sous le coup de deux enquêtes judiciaires pour « tromperie aggravée » et « homicide involontaire ». Il pourrait s’exprimer cette semaine pour la première fois.
D’après le témoignage d’un ancien salarié de PIP, l’utilisation d’un gel non-conforme provoquant suintements et irritations néfastes, s’ajouterait à des réductions de l’enveloppe des prothèses à un seul composant, par souci économique, ce qui expliquerait le taux de rupture élevé des ces implants.
Des échanges d’emails tendent à prouver que la plupart des cadres de la société PIP étaient informés quant aux anomalies concernant leurs produits, dès 2003 : « Encore une ! Nouvelle rupture d'enveloppe gel implantée en 2003 (...) Toujours pas d'explications ? », « Si un problème d'enveloppe éclatait, je vous laisse deviner la suite », écrivent des commerciaux en 2005 et 2006. Réponse du service marketing : « le chiffre d'affaires est plus important que la constitution des enveloppes ».
En France, 20 cas de cancers ont été signalés chez des porteuses d'implants PIP, mais l’Afssaps nie pour l’instant tout lien de causalité. Le gouvernement français a recommandé le retrait de ces prothèses aux 30.000 porteuses.
Crédit photo : AFP
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