L'esprit de Noël : derrière la magie, la panique ? C'est ce que suggère le nom d'un trouble de plus en plus étudié : la phobie de Noël. Selon des enquêtes relayées par le média britannique The Saxon, deux personnes sur cinq souffriraient d'anxiété prononcée, de stress et de colère à l'approche des fêtes de fin d'année.
Autant de signaux d'une phobie carabinée d'après le média en ligne, qui révèle qu'en 2020, le pourcentage de consultations avec des thérapeutes aurait augmenté de 25 % durant la période tant redoutée des fêtes, source de "conflits émotionnels". Pas si surprenant. Les femmes et mères de famille, notamment, savent bien à quel point ces célébrations, et les préparatifs qu'ils impliquent (dîners, cadeaux, voyages, courses) sont sources de charge mentale redoublée. On comprend donc aisément les phobiques.
Et si c'était votre cas ?
Il n'y a pas que le Grinch, le ronchon verdâtre du Dr Seuss, qui déteste Noël et veut y mettre un terme. Les raisons d'appréhender avec angoisse cette période sont plus légitimes qu'on ne pourrait le croire. Dans Gremlins déjà (1984), conte macabre parmi les plus célèbres de notre enfance, le personnage de Kate (Phoebe Cates) résumait l'époque au décès de son père – mort dans la cheminée, déguisé en Santa Claus.
A l'unisson, bien des personnes souffrent d'anxiété, de solitude ou de burn out social (repas de famille interminables oblige) quand viennent ces célébrations toutes de vert et de rouge rayonnantes.
La phobie de Noël porte même un nom : la natalophobie (ou christougenniatikophobia chez nos amis anglophones). La peur de Noël, développe le Wikipédia des phobies, débuterait généralement pendant la petite enfance, à la suite de mauvais événements associés à Noël (c'est donc le cas de Kate dans Gremlins). L'évocation du Père Noël, l'ouverture de cadeaux et la neige peuvent tous vous conduire à la natalophobie, et engendrer nausées, accélération du rythme cardiaque, voire même, évanouissements. Rien de féérique là dedans vous en conviendrez.
"Les fêtes de Noël sont généralement chargées d'émotion car elles impliquent des célébrations, des rencontres, du brouhaha. Cela peut amener à une certaine instabilité émotionnelle, qui peut prendre la forme d'anxiété, de frustration et d'insatisfaction personnelle", décrypte The Saxon.
Si Noël provoque chez vous un peu plus que de l'ennui, de la lassitude ou de la fatigue (la faute au champagne certainement), peut-être est-ce là une preuve de votre vécu phobique de la chose. D'autant plus si vous éprouvez des problèmes émotionnels, familiaux ou économiques, soucis divers auxquels Noël vous renvoie fatalement.
Mais une fois envisagée l'étendue de cette phobie, comment y faire face ? Pour le site Marshall News, la phobie de Noël est avant tout un signe d'anxiété sociale, anxiété dont souffriraient pas moins de quinze millions d'adultes. Prendre ses distances, se reposer et s'isoler apparaît donc comme une alternative limpide : dire non au rush des fêtes, quitte à apparaître comme une voix marginale, pour mieux préserver sa santé mentale.
Consulter un thérapeute ou un médecin demeure cependant la plus importante des solutions. "J'ai des patients qui ne viennent qu'à cette période. Entre 5% et 8% de mes consultations et téléconsultations concernent Noël à l'arrivée des fêtes. Deux ou trois consultations avec un psychologue peuvent déjà aider les personnes qui en ont besoin", affirme en ce sens Fanny Jacq, médecin psychiatre, au magazine Maxisciences.
La pression que peut représenter Noël, période de jugements qui peut vriller à l'auto-dépréciation voire à la dépression, n'est donc pas à prendre à la légère. Il est donc recommandé d'être attentif à l'anxiété des nombreux phobiques de Noël, leur vulnérabilité, et leur envie de se recentrer sur soi en pleines célébrations. Cette anxiété sociale, la pandémie l'a d'ailleurs volontiers exacerbée. Aujourd'hui, la phobie de Noël semble d'autant plus légitime. La natalophobie n'a donc rien d'une fantaisie.