Le déconfinement nous confronte à un vaste paradoxe : d'un côté, le désir de multiplier des activités enfin à l'ordre du jour, le pass sanitaire à portée de mains, mais de l'autre, le trop-plein, si ce n'est l'anxiété, engendrés par ce retour à la normale. C'est-à-dire à la frénésie sociale, aux divertissements et loisirs, aux bars et cinémas entre amis.
Car si ces retrouvailles nous réjouissent, elles peuvent également malmener notre santé physique et mentale. Quoi de plus normal, après un an et demi de relations sociales considérablement ralenties par les confinements et autres couvre-feux ? L'overdose de gens et d'interactions était prévisible, elle n'en est pas moins forte.
On appelle même cela le "burn-out social", phénomène quelque peu similaire à la "gueule de bois des introvertis" (de celles et ceux qui chérissent une forme de solitude). Mais pas de panique, il est possible d'adoucir cette épineuse situation. Il suffit juste de suivre les conseils les plus bienveillants.
La bienveillance doit d'ailleurs être le maître-mot de cette sociabilité retrouvée. Première recommandation à chérir : si vous ne voulez pas sortir, voir vos amis, vous ruiner dans un bar, et bien, ne le faites pas ! Un conseil limpide, et pourtant pas évident à tenir dans une société blindée d'injonctions sociales diverses, où se côtoient sociabilité et individualisme - un drôle de mélange s'il en est. Ne pas se forcer, c'est aussi respecter sa zone de confort, et donc sa santé mentale.
Comme l'entrée dans le grand bain à la piscine ou les premiers pas dans une mer glaciale (mood estival oblige), le retour à la réalité sociale et aux soirées collégiales peut tout à fait se faire en douceur. Par petits pas, en privilégiant tout d'abord les déjeuners ou cafés à deux ou trois avant de se revoir en bande par exemple. Ou encore, en redécouvrant en solo l'ambiance d'une salle de ciné, ou d'un concert intimiste, afin de mieux se préparer à des sorties imminentes en groupe. Tout dépend encore une fois de votre propre confort.
Dire "oui" à tout n'est pas forcément une qualité, des films tels que Yes Man l'ayant largement prouvé depuis des années, bien avant que le mot "coronavirus" n'envahisse les conversations de machine à café. Aujourd'hui, c'est l'experte Anna Mathur, psychothérapeute spécialisée dans le traitement de l'anxiété et de l'estime de soi, qui l'explique au magazine en ligne Stylist : "Les personnes qui disent oui à tout sont très souvent épuisées. Vous devez trouver vos propres limites".
L'idée de la psychothérapeute ? Envisager la vie comme un marathon, et non comme un sprint. Autrement dit, parvenir à saisir un juste équilibre, sans négativité bête et méchante, ni mépris déraisonnable de ses propres désirs et envies. On envisage le "oui" automatique comme une sorte de répartie passive et sans effet, mais elle peut être au contraire synonyme d'une considérable fatigue. Attention donc.
Autre astuce décochée par psychothérapeute Anna Mathur à Stylist : mettre en pratique la technique de la pause. La quoi ? La pause. Quand un ami, une amie ou un groupe sur Whatsapp vous propose un bar, un concert ou autre chose, attendez un peu avant de répondre. Posez votre téléphone, précisez que vous devez vérifier votre planning, ou réfléchir quelques heures. Idéal pour privilégier l'introspection au règne de l'immédiateté et de la disponibilité à tout prix, sacralisé sur les réseaux sociaux.
"Si vous vous êtes habituée à un rythme de vie plus lent, peut-être que le lendemain d'une sortie, vous devriez éteindre votre téléphone et ne parler à personne. Je suis une personne très sociable, mais après mon premier week-end de socialisation, je voulais passer la journée au lit !", recommande de son côté la coach de vie Emily Syphas dans les pages du Guardian, prévenant quant aux méfaits de la "gueule de bois sociale".
Avant ou après une sortie ou une interaction, la pause reste donc une belle solution.
La positive attitude n'est pas qu'un tube du début des années 2000, c'est également tout un état d'esprit. Positiver (et relativiser) reste encore la meilleure chose à faire dans un tel contexte. Si le burn-out social pointe le bout de son nez, pourquoi ne pas lire, peindre, écouter de la musique ou des podcasts, faire de la marche ou même courir un peu ? Bref, invoquer ses activités fétiches pour retrouver le moral et la stabilité.
C'est en tout cas ce que prescrit la coach de vie Emily Syphas, au Guardian toujours. "Mieux nous nous sentirons bien dans notre peau avant d'entrer dans ces situations potentiellement accablantes, meilleur sera l'instant que nous vivrons", détaille la spécialiste. On veut bien la croire. Reste encore à profiter de l'instant en question, et de ce qu'il offre (une bonne chanson dans un bar, une conversation agréable, une atmosphère sympathique, un bon repas), sans trop se prendre la tête.
Une fois que vous avez appris à ne pas dire "oui" à tour de bras, quoi de plus naturel que d'apprendre à dire "non" ? Ou plutôt, comprendre qu'un "non" n'est pas forcément une agression. "Non" peut être une réponse ordinaire, prononcée sans craindre l'exclusion sociale définitive. Pas besoin de se complexer plus que ça, le "non" peut s'énoncer sans détour ou pirouette rhétorique. Faites fi des mondanités.
Ou comme l'affirme Emily Syphas, "vous devez vous rappeler que non est une réponse en soi et que vous n'avez pas toujours besoin de vous expliquer". Voilà qui est dit. Pas de panique, vos amis s'en remettront.