Société
Quand le magazine coréen Maxim glamourise les violences faites aux femmes
Publié le 2 septembre 2015 à 17:17
Par Anaïs Orieul
Le dernier numéro du magazine sud-coréen "Maxim" est sous le feu des critiques, et il n'y qu'à jeter un oeil à la couverture pour comprendre d'où vient le problème. En choisissant de s'inspirer du cinéma de genre cher au pays, le mensuel n'a réussi qu'une seule chose : glorifier les violences contre les femmes.
Le magazine Maxim crée le scandale avec sa couverture violente Le magazine Maxim crée le scandale avec sa couverture violente© Maxim
La suite après la publicité

Maxim ne paraît plus en France depuis quelques années déjà, mais on connaît tous plus ou moins sa réputation : des mannequins en petite tenue, un classement annuel des filles célèbres les plus sexy, des poses lascives... bref, Maxim est un magazine qui table ses ventes sur l'objectification sexuelle des femmes plutôt que sur son contenu. Et parce qu'apparemment les filles sexy ne suffisent plus, la version sud-coréenne du mensuel a décidé d'aller plus loin en s'amusant des violences faites aux femmes.

La couverture du numéro de septembre présente ainsi l'acteur Kim Byeong-Ok, allure de bad boy, clope au bec, et pour ultime accessoire, le corps d'une femme dans le coffre de sa voiture les pieds liés. En sous-titre : "Alors les femmes aimerez les mauvais garçons ? Voilà à quoi un mauvais garçon ressemble. Vous mourez d'envie de l'aimer, n'est-ce pas ?" L'inspiration est claire : le cinéma de genre sud-coréen qui fait la part belle aux thrillers noirs et violents type Memories of Murder, The Chaser ou encore J'ai rencontré le Diable. Kim Byeong-Ok lui-même est l'une des figures emblématiques de ce cinéma puisqu'il est apparu dans Lady Vengeance et Old Boy du cinéaste Park Chan-wook. Le problème, c'est que Maxim a pris son sujet un peu trop au premier degré et vient de susciter l'indignation, d'abord en Corée du Sud, puis à l'international.

...
"Arrêtez de fantasmer sur les crimes contre les femmes"

Une pétition lancée sur le site Avaaz.org intitulée "Arrêtez de fantasmer sur les crimes contre les femmes" demande le retrait en kiosques du magazine et indique que la couverture n'est que la partie émergée de l'iceberg. A l'intérieur, le shooting continue avec des clichés encore plus dérangeants. On aurait ainsi un aperçu plus frontal de la femme dans le coffre, ses yeux apeurés fixant son agresseur. Encore plus glauque : la photo d'un corps abandonné dans un sac en plastique.

Face au tollé que son numéro de rentrée a suscité, Maxim s'est défendu avec une excuse complètement insensible : "Nous avons voulu dépeindre les crimes et les meurtres à la façon des films noirs. Mais dans notre séance photo rien ne laisse sous-entendre qu'il y a eu un crime sexuel ou qu'il y a un fantasme lié à ça". En d'autres termes, le magazine insinue que les violences faites aux femmes sont acceptables tant qu'il n'y a pas d'acte sexuel forcé. Signée par près de 10 000 personnes, la pétition rappelle qu'en Corée du Sud, les femmes sont encore trop souvent victimes de violences. Ainsi, 85,6% des Sud-Coréennes ont déjà été agressées selon des statistiques de 2012.

À couverture désastreuse conséquences désastreuses

Bien que le magazine se défende de glamouriser les violences faites aux femmes, le bad buzz n'a pas tardé à commencer. Le mannequin Jung Doo-ri – lauréate du concours Maxim Girl en 2014 – a expliqué sur sa page Facebook qu'elle renonçait à poser pour le mensuel : "J'étais supposée apparaître en couverture cette année. Mais après avoir vu la couverture de ce mois-ci, je suis profondément préoccupée par la vision des femmes de Maxim. Malgré le fait que les femmes continuent à être violées et tuées par des criminels, le magazine a choisi d'embellir cette violence".

Mots clés
Société Buzz News essentielles Médias asie
Sur le même thème
"Protéger ma femme" : grand espoir du Nouveau Front Populaire, Lucie Castets fait son coming out lesbien et cela n'a rien d'anodin play_circle
Société
"Protéger ma femme" : grand espoir du Nouveau Front Populaire, Lucie Castets fait son coming out lesbien et cela n'a rien d'anodin
7 août 2024
"N'oubliez pas que vous venez tous d'une femme !" : la streameuse Helydia alerte les cyberharceleurs et sexistes de Twitch (et ça fait du bien) play_circle
Culture
"N'oubliez pas que vous venez tous d'une femme !" : la streameuse Helydia alerte les cyberharceleurs et sexistes de Twitch (et ça fait du bien)
11 septembre 2024
Les articles similaires
#MeToo : "Les gens prenaient l'Abbé Pierre pour un saint", déplore Nolwenn Leroy, marraine de la Fondation éponyme play_circle
Société
#MeToo : "Les gens prenaient l'Abbé Pierre pour un saint", déplore Nolwenn Leroy, marraine de la Fondation éponyme
12 septembre 2024
Procès de Mazan : "On ne dit pas aux hommes d'avoir honte d'être des hommes mais de condamner les violences", défend Caroline Fourest play_circle
Société
Procès de Mazan : "On ne dit pas aux hommes d'avoir honte d'être des hommes mais de condamner les violences", défend Caroline Fourest
24 septembre 2024
Dernières actualités
« Quelle déception” : ce chanteur culte de notre adolescence sera à l'inauguration de Donald Trump, les fans sous le choc play_circle
musique
« Quelle déception” : ce chanteur culte de notre adolescence sera à l'inauguration de Donald Trump, les fans sous le choc
17 janvier 2025
"Quand tu es triste mais que tu te rappelles que maintenant tu mets du S" : cette star de la télé dévoile sa perte de poids et crée la polémique play_circle
people
"Quand tu es triste mais que tu te rappelles que maintenant tu mets du S" : cette star de la télé dévoile sa perte de poids et crée la polémique
17 janvier 2025
Dernières news