Pour diffuser leur message anti-choix et stigmatiser les femmes ayant recours à l'avortement, certains militants anti-IVG sont prêts à braver la loi. Dans la nuit de mardi à mercredi 26 avril, le métro parisien a été le théâtre d'une campagne d'affichage sauvage de la part des Survivants, un groupuscule anti-avortement proche de l'extrême-droite qui se targue de parler au nom "220 000 voix qui manquent" à cause de l'IVG.
Profitant de l'entre-deux tours de l'élection présidentielle, les Survivants ont utilisé l'image des candidats pour diffuser leur message anti-choix. Certaines des sentences frisent le ridicule, comme par exemple celle figurant sous le portrait de Jean-Luc Mélenchon : "Les communistes ne sont-ils pas censés protéger les plus faibles ?" "Ne ferme pas les frontières de nos vies !" peut-on aussi lire sur l'affiche représentant Marine Le Pen, tandis que les Survivants ont détourné le slogan de campagne d'Emmanuel Macron "La France doit être une chance pour tous" en y ajoutant : "Alors laisse nous une chance de la vivre".
Sur Twitter, nombreux sont les internautes à avoir exprimé leur colère face à une telle campagne d'affichage qui, à première vue, avait tout d'officiel.
En réalité, il semblerait que les Survivants aient profité de la nuit pour remplacer les affiches présentes dans les rames de métro par leurs propres messages, qui n'ont jamais été approuvés par la régie publicitaire de la RATP.
Contactée par Buzzfeed, la RATP a par la voix de son porte-parole indiqué qu'elle condamnait "cet acte de malveillance" et allait "porter plainte". "Nos équipes techniques sont en train d'intervenir pour procéder au retrait intégral des visuels concernés. Chaque fois qu'une rame rentre au terminus, on fait le tour pour faire retirer les affiches qui ont été apposées dans les espaces sous verres à l'intérieur des voitures. Cela prendra un certain temps. Depuis ce matin, nous avons déjà enlevé une vingtaine d'affiches", a précisé la RATP au Figaro.
Sur Twitter, la ministre des droits des Femmes Laurence Rossignol a vivement condamné l'initiative des Survivants, tout comme l'association Osez le féminisme, qui s'interroge sur les moyens financiers du groupuscule.
Contacté par le Figaro, le porte-parole des Survivants Emile Duport a expliqué que le mouvement souhaitait, via cette campagne "signifier que l'avortement doit être un thème politique et invectiver les candidats qui cherchent à séduire les électeurs en esquivant la question". Se vantant de "800 membres actifs", le groupuscule dit être "un mouvement pacifiste et solidaire. La majorité de nos sympathisants sont des jeunes nés après 1975, sans autre caractéristique que le partage d'une joie de vivre commune et une révolte face à la planification froide des naissances et aux souffrances et injustices provoquées par l'avortement".
Habitués aux coups d'éclat, les Survivants s'étaient fait connaître du grand public à l'été 2016 en parodiant le jeu Pokemon Go à l'aide du slogan "Et si Pikachu n'était jamais né ?". Après avoir milité contre le délit d'entrave numérique, le groupe avait récidivé en janvier dernier en vandalisant les abribus pour faire la promotion de la Marche pour la vie à laquelle il participait. Le groupe JCDecaux avait alors indiqué porter plainte.