"Chinoise, Chen Li, Massage, Polie, Soumise au lit, You call me Katsuni, Chinese, Money, Femme tigre, Gucci, Lucy Liu, Gong Li, 2020 vis ma vie". Pleines de name-drop et d'amertume, à la fois critiques, punchy, et bien senties, les paroles de Chinoise ?, le nouveau morceau de la musicienne parisienne Thérèse, parlent pour elles-mêmes. Et sonnent juste à l'heure où la crise du coronavirus a exacerbé les préjugés et discriminations vécus par la population asiatique.
"Ces derniers temps, les messages haineux et d'incitation à la violence se multiplient. Si vous êtes Asiatique, prenez les précautions maximales. Si vous n'êtes pas Asiatique, veillez sur votre prochain", alertait à ce titre l'Association des Jeunes Chinois de France depuis le mois d'octobre. L'association déplore les menaces abondantes, notamment les appels à "agresser chaque Chinois", qui circulent sur les réseaux sociaux.
Face à cela, Thérèse délivre un son bien utile pour déboulonner les clichés les plus crasses - en les alignant avec un flow dynamique les uns à la suite des autres, comme autant de balles. Un second single ouvertement "coup de poing" pour celle qui, en plus d'être artiste, styliste, modèle, se revendique également activiste. Et une manière mélodieuse de sensibiliser l'opinion publique à un racisme anti-asiatique encore trop minoré.
Multi-mélodieuse, même : par-delà l'inventivité de ses paroles, "Chinoise" entremêle électro, pop et hip-hop. Un combo forcément gagnant.
"Virus c'est qui ? / Casse-toi où j'te mets la zermi", achève la chanteuse au fil de ces mots cinglants où se voit synthétisé l'éventail d'attitudes, de stéréotypes et d'insultes auxquels ont droit les personnes asiatiques, tous les jours en France, et plus encore depuis les prémices de la pandémie. "Chintok, Grain d'riz, Jackie Chan, Bruce Lee", décoche-t-elle encore sur le même ton. Une stigmatisation continue dont les échos font l'effet d'une claque.
"J'ai souhaité compiler les clichés pour mieux les démonter. Pour les meufs d'origine(s) asiatique(s) qu'on soule dans la life et dans la street. Pour les mecs aussi", explique la chanteuse. Avant de poursuivre : "Pour toutes les meufs quelles que soient leur(s) origine(s) qu'on essentialise en permanence à coup de clichés positifs ou négatifs. Pour ces mecs aussi. Pour toutes celles et ceux qui veulent vivre ensemble, avec nos différences contre les fachos cisteras". Une note d'intention en forme de manifeste salutaire, donc. A mettre devant tous les yeux. Et à l'adresse de toutes les oreilles bien sûr.
A ses auditrices et auditeurs, Thérèse se dit enfin "fière de [ses] origines, fière de les mélanger avec toutes les autres, fière d'être made in France". Un discours salué dans les commentaires YouTube . Les fans anonymes y partagent leur enthousiasme : "Vraiment t'es incroyable, continue de dead ça t'es la meilleure", "Tuerie", "Juste génial ! Un bon morceau coup de poing", "C'est de la bombe".
On ne peut que suivre le mouvement.