Le rallye Aïcha des Gazelles a été lancé il y a 21 ans par Dominique Serra. Il met en scène des femmes de tous milieux socioculturels et de toutes nationalités, avec un concept différent : pas de vitesse comme critère de classement, mais une navigation à l’ancienne sans GPS en plein désert marocain.
Sabine Védie : En 2008, c’est le désert que j’ai découvert et dont je suis tombée amoureuse. Il appelle à la sérénité. On se sent si petit devant cette immensité, les parfums et beauté des paysages. En 2009, je suis partie avec ma petite sœur qui a 11 ans de moins que moi, et que j’ai élevée. L’année dernière, je n’ai pas voulu prendre le départ à cause de la crise. Je suis gérante de société, je dirige un journal régional économique (Le Journal du Palais) et je devais rester sur place. Mais j’étais frustrée de savoir que la course se déroulait sans moi. Alors cette année, j’ai décidé de repartir. Vous savez, avec Isabelle ma co-équipière, nous sommes des femmes à responsabilité et des mères de familles (j’ai une fille de 17 ans). Faire ce rallye, c’est une façon de larguer le quotidien, d’être soi-même dans l’épreuve. Quand on est chef d’entreprise, c’est important de faire un break, et cela nous consolide dans le poste qu’on emploie. Et puis, je trouve important de donner cette image de la femme à ma fille. Elle est fière de moi et je l’inspire.
S. V. : Ce n’est pas évident de partir ensemble : il faut être dans le même état d’esprit. On est 24 heures sur 24 dans le même réduit. Si l’une y va par plaisir et l’autre pour la gagne, cela ne peut pas marcher : il faut partager le même but. Justement cette année, nous espérons finir parmi les 20 premières.
S.V. : J’en ai tellement ! Notamment en 2008, lors de notre arrivée sur la plage d’Essaouira, c’était une vraie fête, un rassemblement d’énergie et de bonheur ! La même année, nous avons eu un accident. Des filles nous ont tractées, et elles sont devenues des amies proches. En 2009, j’ai été très émue par un petit garçon qui avait faim dans un village berbère, et à qui nous avons donné un paquet de gâteaux. Il fallait voir sa joie ! Tout cela permet de voir la vie autrement.
S.V. : En tant que femme, on se rend compte de ce dont on est capable, que ce soit en matière de mécanique ou de résistance aux intempéries. On se sent capable de tout affronter. Personnellement, je le savais déjà, de par mon expérience : j’ai quitté mes parents à 18 ans, et j’ai du me débrouiller seule. J’ai notamment été ambulancière, éducatrice pour enfants handicapés, puis commerciale dans un journal régional, et enfin je dirige huit personnes là où je travaille depuis 6 ans.
S.V. : Ce rallye est tellement intense et dur physiquement et intellectuellement : pour moi, tout se passe dans la tête. C’est sûr qu’il ne faut pas partir en étant fatigué, mais tout se passe vraiment au niveau du mental. Certaines craquent au bout de deux jours. En amont de la course, la plus grosse difficulté est de trouver les sponsors. Pour moi, c’est plus facile, car je connais toute la population de chefs d’entreprises locales, de par mon travail. En revanche, je dois faire attention à qui je demande des fonds, pour ne pas qu’il y ait de répercussions professionnelles. Pour la voiture, nous utilisons cette année le vieux Patrol d’Isabelle. Nous l’avons fait préparer : amortisseurs de course, pneus spéciaux, et la voiture a été rehaussée. Il faut aussi penser à l’aménagement du coffre : tout doit être organisé et accessible !
S.V. : J’aime les sports mécaniques, la voiture m’a toujours intéressé. J’ai fait du circuit et du karting par le passé. C’est vrai qu’il faut savoir changer une roue et la dégonfler pour ne pas s’enfoncer dans le sable, nettoyer le filtre à air et le changer si besoin. Mais je ne pourrais pas changer un moteur ! Heureusement, il y a un stand d’assistance mécanique au bivouac où l’on rentre le soir.
S.V. : Aucune n’y pense car la situation au Maroc est très différente. Le roi du Maroc et son épouse font beaucoup pour leur population. Nous le constatons d’année en année : des routes sont aménagées dans des petits villages, l’électricité y est installée. Et puis, on ne passe pas dans les grandes villes, donc on ne risque pas de croiser une manifestation…
S.V. : J’ai toujours une photo de ma fille dans la voiture, car je ne peux pas l’appeler. Nous n’avons en effet pas le droit d’utiliser de moyens de communications, car comme il s’agit d’une course d’orientation, certaines pourraient se faire aider. Si vous saviez comme cela fait du bien de ne plus avoir de portable !
Le blog de des Gazelles dijonnaises, Sabine Védie et Isabelle Alexandre
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