Grâce aux comédies romantiques, on sait qu'engouffrer un pot de crème glacée ou une boite de chocolats après une rupture est tout à fait normal. Mais ce qu'on appelle la "bouffe de réconfort" peut être nocive si vous avez pris l'habitude de compter sur elle pour vous remonter le moral un peu trop souvent. Comme le révèle The Telegraph , un nouveau trouble alimentaire appelé le BED (binge eating disorder) vient de faire son entrée dans le Diagnostic Statistic Manual of Mental Disorders et il en dit beaucoup sur notre époque. Le BED donc, peut toucher n'importe qui et consiste en une chose très simple : prendre pour habitude de manger sainement dans la journée pour engloutir le pire de la malbouffe le soir venu. Selon les experts, ce binge-grignotage serait plus commun que l'anorexie et la boulimie. Sur 725 000 personnes atteintes de troubles alimentaires en Grande-Bretagne, 360 000 souffriraient ainsi de BED.
Interrogée par The Telegraph, la nutritionniste Amelia Freer explique que les personnes qui souffrent de BED sont généralement stressées et se jettent dans la nourriture jusqu'à s'en rendre malade. Elle raconte : "J'ai des patients qui travaillent dur toute la journée et qui donnent l'impression d'être en contrôle de leur vie et de leur santé sans que cela ne leur demande le moindre effort. Et puis, après une journée stressante, ils rentrent chez eux et mangent de la crème glacée jusqu'à en avoir mal au ventre. Ce trouble est très commun parmi les gens stressés, anxieux et qui travaillent trop. Ils utilisent la nourriture pour repousser le stress, la solitude ou l'anxiété de la même façon qu'une personne qui boirait trop de vin pour les mêmes raisons".
Comme elle l'ajoute, ce désordre alimentaire touche particulièrement les femmes : "Plutôt que d'aller au pub pour boire un verre et désamorcer, ces personnes-là se ruent sur leur réfrigérateur. Et elles le font généralement le soir parce que c'est à ce moment-là que les mamans qui travaillent ont du temps pour elles".
Jo, une maman de 35 ans témoigne : "J'ai trois garçons âgés de 13, 8 et 6 ans et je fais un travail très prenant et stressant. Quand j'avais la vingtaine, j'allais au pub après le boulot et je relâchais le stress en buvant trop de vin. Je ne peux plus faire ça aujourd'hui. J'ai trois enfants et je dois rentrer tôt, m'occuper d'eux et les emmener à l'école le lendemain. Du coup, je me retrouve tous les soirs à dévorer de la glace ou des biscuits. Je suis tellement occupée toute la journée à essayer de contenter tout le monde que lorsque je me cale dans mon canapé pour regarder la télévision et manger, je vois ça comme mon seul moment de paix. Mais après, je me sens horrible. Je suis embarrassée par tout ce que j'ai mangé, et il m'arrive souvent de cacher les emballages au fond de la poubelle pour que mon mari ne se rende compte de rien".
Cette honte que ressent Jo après chaque binge-grignotage est commune à toutes les personnes atteintes de BED, comme l'indique Amelia Freer : "Cette façon de manger est complètement incontrôlable et laisse les gens encore plus stressés et honteux qu'ils ne l'étaient avant de manger. Alors ils recommencent".
Si la nutritionniste affirme que ce trouble alimentaire ne rime pas forcément avec surpoids, les risques sont bel et bien là : "Il ne faut pas minimiser les choses parce que le BED est potentiellement dangereux. Si cette habitude alimentaire vous fait prendre beaucoup de poids, cela peut augmenter les risques de maladies liées à l'obésité. Et même si vous vous maintenez à un poids équilibré, manger d'énormes quantités de sucre ou de malbouffe est épuisant pour votre corps et votre esprit".
Encore peu connu en France et en Grande-Bretagne, le binge eating disorder commence à faire parler de lui aux Etats-Unis, où une campagne de sensibilisation vient d'être lancée.