La parole autour des violences conjugales - physiques comme psychologiques - se libère. Dernière en date à élever la voix : Melanie Brown, ou Mel B. Dans les colonnes du journal britannique The Guardian, l'ex-Spice Girl raconte l'enfer qu'elle a vécu lorsqu'elle était en couple avec celui qu'elle décrit comme un "partenaire abusif" : son ex-mari, Stephen Belafonte. Et comment son estime de soi, après qu'elle soit parvenue à s'en séparer, s'en est retrouvée particulièrement abimée.
"J'ai ressenti une telle haine de moi-même", lâche-t-elle. "J'avais menti à tant de monde. Puis je me suis sentie très en colère d'avoir laissé cette personne s'en tirer pendant dix ans." Aujourd'hui, elle souhaite prévenir les femmes qui pourraient se retrouver dans la même situation, et éclairer sur les signes avant-coureurs de ces relations toxiques. Elle oeuvre aux côtés de l'association de défense des droits des femmes Women's Aid dans l'aide aux victimes de ces mêmes violences. Récemment, elle a participé au court-métrage Love Should Not Hurt, qui raconte l'histoire d'une femme qui subit les coups de son conjoint.
Elle explique ainsi qu'avec son ex, cela a commencé par de "toutes petites choses". Mel B se souvient notamment d'un exemple concret où il lui suggérait : "Oh, ne porte pas cette robe - je t'ai acheté celle-ci". "Ce n'était pas du genre : 'Mets cette robe !' C'était : 'Regarde ce que j'ai acheté pour toi ! Je t'ai vue la repérer [en ligne]", nuance-t-elle. "Et vous pensez : 'Oh mon Dieu, c'est si gentil !' alors qu'en fait, c'est de cette façon qu'ils (les partenaires malsains, ndlr) commencent à tout envahir."
La chanteuse britannique poursuit en disant qu'avec le temps, elle s'est retrouvée de plus en plus isolée de sa famille et de ses ami·e·s. "Il me disait : 'Pourquoi est-ce que tu appelles ta mère aujourd'hui ? Viens, sortons ensemble'. Au bout d'un moment, vous réalisez : 'Merde, j'avais l'habitude d'appeler ma mère tous les jours ; je ne lui ai pas parlé depuis une semaine !'. Puis ça devient un mois, deux mois." Et l'engrenage s'installe.
"J'ai essayé de partir sept fois, alors vous pouvez imaginer à quel point j'étais désespérée pendant cette décennie [avec lui]. Je n'avais nulle part où aller, je n'avais pas ma propre carte de crédit, je n'avais pas de voiture, j'ai trois enfants, j'étais très au bord de l'autodestruction", témoigne-t-elle au Guardian, affirmant avoir craint pour sa vie.
Quatre ans après sa séparation, elle a pu guérir. De Los Angeles, elle est revenue dans sa ville natale : Leeds, en Angleterre.
Melanie Brown souhaite désormais agir auprès de toutes celles qui sont encore sous emprise. Car en discutant avec d'autres victimes de ces schémas dévastateurs, elle a réalisé à quel point ils étaient fréquents. En couple, elle pensait pourtant être seule à subir ce calvaire qu'est le contrôle coercitif. Un concept qui "témoigne du fait que la violence conjugale est ressentie de façon cumulative plutôt qu'épisodique", définit le média québécois Le Devoir. "Les victimes vivent dans un environnement de contrôle maintenu notamment par l'isolement, les menaces, la surveillance, l'intimidation et le dénigrement."
"C'est comme si les agresseurs avaient tous lu le même manuel", constate Melanie Brown. "Avant que vous ne vous en rendiez compte, vous n'avez plus la clé de votre porte d'entrée, ou vous ne conduisez même plus votre propre voiture. Ces 'privilèges' que nous avons travaillé si dur pour obtenir - votre belle voiture, votre belle maison - vous sont lentement retirés. Comme votre pouvoir, et la seule personne sur laquelle vous devez compter est votre agresseur."
A propos du court-métrage, elle lance : "Mon coeur se brise pour chaque femme et chaque enfant qui souffre d'une forme quelconque de violence domestique, et bien que le film montre une gamme de maltraitance, je veux envoyer un message clair que vous n'avez pas besoin d'être frappé·e pour être maltraité·e. Le contrôle coercitif est au coeur de la violence domestique - il s'agit de pouvoir et de contrôle."
Des mots importants tant ils apportent aux concernées une sensation d'écoute et de compréhension nécessaire à leur libération.
- Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales, appelez le 3919. Ce numéro d'écoute national est destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. Cet appel est anonyme et gratuit.
- En cas de danger immédiat, appelez la police, la gendarmerie ou les pompiers en composant le 17 ou le 18.