"Monsieur le Ministre, ne les oubliez pas". C'est un appel de première urgence que lance l'Unapei à l'adresse de Jean-Michel Blanquer. La fédération française d'associations de défense des droits des personnes en situation de handicap alerte le Ministre de l'Education Nationale sur un point : la rentrée des classes approche et pourtant, des milliers d'enfants en situation de handicap n'ont toujours pas de solution de scolarisation adaptée à leurs besoins.
En somme, ils restent exclus de l'école. Et ce alors que le déconfinement avait déjà mis en évidence de vrais dysfonctionnements concernant la prise en charge des personnes en situation de handicap. Aujourd'hui, c'est donc la question de l'école et d'une scolarité plus inclusive qui doit être soulevée dans le débat public.
"Pourquoi certains enfants sont encore privés d'école ? Pourquoi un enfant devrait-il attendre dans une classe qui ne lui convient pas qu'une place se libère dans une classe adaptée à ses besoins ?", s'interroge à la fédération, réagissant au peu d'alternatives proposées (scolarisation à temps partiel, à distance, place par défaut...).
Pour l'Unapei, nous sommes là face à une "non-effectivité du droit à l'éducation", des écoles "ordinaires" aux écoles spécialisées. Sur les réseaux sociaux (avec le mot-clé #jaipasecole) mais aussi sur le site www.marentree.org, les témoignages abondent pour dénoncer cette réalité trop peu médiatisée, qui concerne autant enfants et parents que personnels éducatifs. L'idée ? "Rompre le silence autour de ce scandale".
"Mon fils n'a rien. Même le rectorat, le médecin du rectorat et l'ancien établissement scolaire ne sont pas capables d'aider et de trouver une solution. Il faut attendre la rentrée pour espérer des désistements ! Impossible de compléter les voeux pour élargir l'orientation et avoir une chance de scolarisation dans une voie qui lui convient mieux", déplore la mère de Valentin, 15 ans. Scolarisation inadaptée, à temps partiel, ou tout simplement inexistante, solutions de recours maigres ou fantoches, communication impossible... Les soucis abondent.
Les parents de Julien P, 15 ans, en attestent : "On a changé de région et notre fils se retrouve sans lycée. Son stress est au maximum, il tourne autour de la maison en marmonnant. Et nous parents on téléphone au rectorat, on envoie des mails, on a saisi le médiateur de l'Education nationale. Aucune réponse".
Même son de cloche pour les parents de Ziyan, 5 ans. "Chaque structure a toujours une excuse : pas le profil, pas du même département... Et dans le même département, ils estiment que c'est trop loin de notre domicile. Pas de place... Trop jeune. On nous a tout sorti ! Alors qu'il s'agit de structures soi-disant adaptées. Voilà. A peine 5 ans et déjà complètement exclu de partout. Obligé de rester à la maison avec maman", nous racontent-ils.
Un état des lieux déplorable. Et encore, précise Luc Gateau, président de l'Unapei, "ces témoignages ne sont que la partie émergée de l'iceberg". A l'aube de septembre, l'Unapei interpelle le gouvernement et en appelle à l'établissement d'un environnement scolaire adapté et accessible. Cela passe par une meilleure sensibilisation du handicap, un accompagnement "sans rupture" et réfléchi des élèves et de leurs familles, mais aussi à une collaboration renforcée entre l'Education nationale et le secteur médico-social. Histoire d'éviter le fiasco total.
"Rien n'a changé en France en 20 ans. Le handicap est un parcours du combattant quasi constant", s'attriste encore une internaute. "Les familles sont épuisées, abandonnées, ne se sentent pas entendues", tacle de son côté l'Unapei. Gageons que ces témoignages puissent changer la donne des mois après un confinement national qui, comme le rappelle la fédération, n'a fait qu'exacerber la fatigue et l'isolement des principaux concernés.