« Je m'appelle Sarah Mastouri. Je suis née en Algérie le 4 juillet 1984. De cela, je suis sûre. J'ai grandi en France, dans différents foyers. Et j'ai fait des études au lycée Jean-Lurçat de Perpignan, puis à Lyon. Mais je suis incapable de retrouver les noms des personnes qui peuvent se souvenir de moi. C'est comme si je n'existais pas. » Voilà tout ce dont se souvient « Sarah », une jeune amnésique depuis qu'elle a été admise par le centre psychiatrique de Thuir, près de Perpignan, en janvier dernier. Sans papiers, qu'elle dit s'être fait voler après une agression à Perpignan en juillet 2012, Sarah répète inlassablement les mêmes faits.
Pour les enquêteurs et le personnel hospitalier, qui cherchent désespérément à l'aider à recouvrer son identité, son histoire tient la route. « Lorsqu'elle est arrivée dans notre établissement, nous avons lancé une véritable enquête sociale. Nous avons découvert qu'elle n'existait nulle part », explique au Parisien la directrice adjointe de l'établissement de Thuir.
Les enquêteurs ne sont en effet pas parvenus à obtenir un document officiel qui corrobore sa biographie. L'Assurance maladie, Pôle emploi, le ministère des Affaires étrangères et même le consulat d'Algérie ont été contactés, en vain. Quant au relevé d'empreintes digitales de la jeune femme, il n'a abouti à aucune piste. « Il était impossible pour elle de réclamer des papiers d'identité faute de pouvoir fournir un acte de naissance. Elle a toujours été d'une parfaite constance dans ses déclarations. Elle n'a jamais varié. C'est ce qui nous a incités à la croire. »
Un appel à témoin, lancé la semaine dernière par la gendarmerie de Thuir comme « démarche ultime », a néanmoins ravivé l'espoir des enquêteurs. Ce lundi, une femme vivant à Reims (Marne) qui affirme être la mère de la jeune amnésique de Thuir les a contactés. Cette dernière ne s'appellerait pas Sarah, serait née en 1990 et non en 1984 et aurait une ascendance réunionnaise. Les dires de la femme se présentant comme la mère de « Sarah » ont été appuyés par les membres de sa famille, qui ont transmis aux enquêteurs des photos troublantes de ressemblance avec la jeune amnésique.
Selon Europe 1, les enquêteurs de la police aux frontières doit encore procéder à d'ultimes vérifications pour déterminer si la jeune femme disparue originaire de Reims est bien l'inconnue de Thuir. En attendant, cette dernière est toujours hébergée au centre de Thuir. Interrogée par RTL, elle a expliqué : « J'ai des visages qui me reviennent, mais je ne me souviens pas de leurs noms. Sans nationalité, je ne peux pas faire de demande de revenu, je ne peux pas travailler, je ne peux pas faire la demande de logement. »
Les personnes reconnaissant Sarah peuvent contacter la Police des frontières au 04-68-55-72-00.