Lorsqu'on parle de désir sexuel, de libido, on pense évidemment à la relation, aux rapports sexuels, comme si cette pulsion n'avait pas d'effets autres sur le comportement humain. Or, la libido a des interactions qui dépassent largement ce cadre.
Dans le travail, par exemple, il y a des journées interminables et des concentrations difficiles qui sont le fruit de l'ennui. Quand au contraire, il se fait plaisant, devient presque ludique, et l'énergie et l'enthousiasme reviennent et donne un sentiment de toute-puissance. La force du désir est à son apogée. De la même façon, le corps souffre ou se traîne et l'énergie semble avoir disparu, lorsque rien d'inspirant ne se profile à l'horizon, et douleurs ou fatigues s'estompent instantanément lorsqu'une bonne nouvelle arrive.
Lorsque des douleurs se font sentir ici et là dans le corps, c'est souvent l'expression d'un ras-le-bol qui n'est pas verbalisé (mais compensé par des expressions populaires : "en avoir plein le dos", "ne pas digérer"...). Il suffit souvent d'une bonne nouvelle ou de quelque chose qui fait plaisir, les douleurs s'estompent et l'énergie revient en masse...
Une étude récente de l'Université de South Wales en Grande-Bretagne montre que les femmes qui aiment les jeux vidéos violents sont aussi des femmes qui ont de forts désirs sexuels et les tests effectués par le biologiste Michael Kasumovic ont montré que plus les jeux étaient violents, plus le désir sexuel était fort. Sans faire l'apologie de la violence, on peut malgré tout dire que plus il y a d'excitation (celle que provoque le jeu), plus il y a d'excitation (celle du désir sexuel) et inversement. L'excitation est là signe d'une bonne vitalité.
L'excitation, de manière générale, vient lorsque une personne fait quelque chose qui lui plaît. Mais, ainsi que le disait Sigmund Freud : "D'une façon très générale, notre civilisation est construite sur la répression des pulsions." Ce contrôle, cette régulation des pulsions, se retrouve partout. Lorsqu'une personne se voit proposer un poste important ou intéressant mais risqué, lorsqu'un désir amoureux vient perturber une relation établie, lorsque n'importe quel désir un peu fou se présente, il y a toujours des personnes bienveillantes dans l'entourage, ou une petite voix intérieure pour décourager le risque et défendre des voies sûres plutôt que des chemins de traverse. Cette pression sociale canalise une énergie qui peut engendrer une forme de chaos et la plupart du temps les gens se résignent. C'est particulièrement vrai dans les périodes où l'économie est anémiée et l'emploi rare, les gens écoutent la voix de la raison et s'interdisent le risque quitte à engendrer la frustration.
Pourtant, ceux et celles qui s'autorisent à suivre leurs envies librement, ne font rien d'autre que de se mettre au diapason de leur libido. De la même façon qu'une personne peut accepter le coup de foudre, dès qu'elle sent des papillons dans son ventre, une personne qui accepte de prendre un risque - quel que soit son champ - d'instinct, ne fait rien d'autre que de suivre sa libido. Car celle-ci ne supporte pas l'autorité morale, elle est comme l'appétit, elle n'attend pas. Suivre sa pulsion est pourtant de nature, et permet souvent de prendre de bonnes décisions à long terme. C'est toute l'énergie sexuelle qui se déplace, se sublime, dans les sphères sociales et professionnelles.
A l'inverse, penser qu'avec l'âge, il faut être raisonnable, que c'est la monotonie qui affaiblit le désir sexuel, qu'il faut résister à ses envies, entraîne un ralentissement de la libido et laisse le plus souvent place à la frustration.
Pour inverser le processus, rien de plus simple - ou presque - il faut faire sauter les barrières que l'on s'impose, s'autoriser à tout, et voir la libido renaitre avec son corollaire, l'enthousiasme, pour toutes les petites et grandes choses de la vie.