Le maire de la ville de Broummana, située dans la banlieue nord-est de Beyrouth, au Liban, a voulu faire moderne en engageant des femmes, toutes des étudiantes, pour faire la circulation. Belle initiative que de féminiser la police, sauf si leur uniforme obligatoire est un short moulant noir alors que leurs collègues masculins peuvent rester en pantalon.
Le maire, Pierre Achkar, qui est aussi président du syndicat des hôteliers du Liban, semble très fier de sa trouvaille. Interrogé pour un reportage de la BBC, il explique vouloir créer un "choc" tous les ans pour que les médias internationaux parlent de sa ville et pour que les Libanais·aises et les touristes viennent à Broummana. En somme, le maire fait de ces femmes âgées de 18 à 25 ans, de la chair à pâté pour touristes. Bel exemple de "femmes jambon".
Au Liban, l'initiative a enflammé Internet. Pierre Achkar, très détendu, répond à la BBC : "Cela peut être sexy pour des gens ou ordinaire pour d'autres, cela dépend de votre éducation."
Le journal libanais L'Orient le jour est allé demander aux habitants leur avis sur la question. Un caissier est dubitatif sur leur intérêt : "Elles sont là surtout pour faire bonne presse pour Broummana. Elles prennent leur sifflet, leur short, et elles se tiennent là. Elles ne font presque rien."
Argumentant dans le reportage de la BBC, Pierre Achkar réplique : "Les gens aiment les choses jolies. Est-ce que vous voulez qu'elles soient moches ?". Le maire met cette évolution sur le compte de la modernité : "Les choses changent dans le monde. Avant, porter des jeans était vulgaire. Les femmes sont libres : sexy ou pas sexy, c'est un pays libre." Son souhait ? "Montrer que le Liban est un pays avant-gardiste, un pays moderne". Pour lui, une femme en short est plus "esthétique" qu'un homme en short.
En sachant que seules ces jeunes femmes (âgées pour la plupart d'une vingtaine d'années voire moins) doivent porter ces shorts, on se pose des questions sur la supposée "modernité" de sa démarche, qui ressemble davantage à du patriarcat has been.
Les étudiantes embauchées pour le job n'y voient rien à redire : "La municipalité nous a demandé de faire ce travail, c'est quelque chose de nouveau de montrer que le Liban est comme le reste du monde. Pourquoi ne pas porter des shorts ?". Une seule juge la tenue inappropriée et a préféré témoigner anonymement.
Parmi les nombreuses réactions, un twittos rappelle qu'en Australie, les hommes et les femmes portaient des bermudas, qui eux n'avaient rien de sexy.
En France, policiers et policières peuvent aussi porter des shorts sans que cela ne soit des mini-shorts moulants.