En vacances, on les a tous et toutes vues sur les présentoirs de cartes postales sans jamais vraiment s'en rendre compte. Ces cartes beaufs et sexistes disposées pêle-mêle entre les cartes postales de chatons et les vues sur ce phare de Bretagne.
Le mouvement féministe Femmes Solidaires qui regroupe 190 associations sur tout le territoire vient de lancer une campagne pour dénoncer ces cartes postales sexistes qui ne datent pas d'hier, mais qu'on aimerait bien voir disparaître. Le mouvement a demandé à chaque militante locale d'acheter dans les papeteries du coin ce type de cartes et de les lui envoyer. Femmes Solidaires en a déjà récolté plus de deux cents et en distillera une sur son compte Twitter tous les jours jusqu'à ce qu'une autorité compétente réagisse et que ces trésors de beaufitude soient retirées de la vente.
Pour ce faire, l'organisation a interpellé la secrétaire d'État aux Droits des Femmes Marlène Schiappa, mais également Françoise Nyssen, ministre de la Culture, au Haut Commissariat à l'égalité entre les femmes et les hommes, mais également au CSA et l'Union professionnelle de la carte postale.
Sur ces cartes postales, Carine Delahaie de l'association Femmes solidaires dénonce l'objectification des femmes : "On fait de la pétanque ou on voit un paysage et au milieu l'objet, c'est une femme. Parfois ce sont des images très violentes, qui appellent pour certaines au viol ou ce sont des images pornographiques."
Le communiqué du mouvement insiste sur le fait qu'elles "renforcent le stéréotype de la femme-objet, consommable et jetable, sous prétexte de loisirs et de divertissement". Ces cartes ont le plus souvent une esthétique très années 1980 ou début 1990 pour accentuer la démarche de carte décalée. Mais cela ne trompe pas Carine Delahaie : "A partir du moment où l'on voit ces filles comme des objets, vous véhiculez l'image qu'elles sont disponibles et consentantes. On a en a repéré une par exemple qui dit : 'Aujourd'hui je pointe, ce soir je tire'. On se fiche de leur consentement".
Selon Carine Delahaie, certaines régions seraient plus friandes de ce type de cartes que d'autres : "On en trouvera plus dans le sud de la France, un peu moins en Bretagne par exemple."
Beaucoup montrent des femmes en maillots de bain échancrés ou carrément dénudées, les fesses bien en évidence. Des images parfois très crues en libre service et à la vue des enfants. Pourtant, les maisons d'éditions sont tenues à des classifications quand il s'agit de pornographie.
En plus des autorités décisionnaires sur l'égalité femmes-hommes, le mouvement a repéré une dizaine de maisons d'éditions comme Art Jack, Ester-Blois, As de coeur ou la très connue Yvon du groupe Draeger.
La porte-parole de Femmes Solidaires explique que le mouvement souhaite avant tout "interpeller sur le vide juridique qu'il existe sur le sujet. On ne trouvera jamais une carte postale raciste, le racisme est interdit par la loi, mais le sexisme aussi, c'est interdit."
Femmes Solidaires qui a récemment fait de la prévention contre les violences sexuelles dans les festivals et les fêtes de village, veut que comme ces lieux, les vacances redeviennent des moments agréables pour tout le monde : "Ces cartes postales participent à la culture du viol. Est-ce que les gens qui les achètent réalisent ce à quoi ils participent ? On ne veut pas être moralisatrices, on veut juste qu'ils se rendent compte en leur mettant d'autres lunettes. On peut faire autrement sans que cela gâche les vacances."
Femmes Solidaires veut également dénoncer le caractère grossophobe de certaines de ces images véhiculées sur les lieux de vacances : "On trouve parfois des cartes où l'on se moque des femmes obèses ou des vielles dames. Mais on ne met jamais de vieux monsieur bedonnant dessus".
Pour envoyer une petite tranche d'humour depuis son lieu de vacances, on peut s'y prendre autrement et sans se vautrer dans le sexisme. Il existe toute une panoplie de cartes avec des chiens ou des chats mignons par exemple. C'est cute, c'est LOL et ça ne fait de mal à personne.