La nouvelle a de quoi surprendre et pourtant. Six jeunes Iraniens, trois hommes et trois femmes, ayant participé au clip « Happy We are from Teheran » ont été arrêtés, a annoncé, mardi 20 mai, la police iranienne. Soupçonnés d'avoir participé et mis en ligne sur YouTube un lip dub de la chanson « Happy » du chanteur Pharrell Williams, les six prévenus auraient « heurté la chasteté public », selon les mots des forces de l'ordre.
« Après avoir repéré un clip vulgaire, qui a heurté la chasteté du public sur Internet, la police a décidé d'identifier ceux qui y étaient impliqués », a ainsi déclaré – sans sourciller – le chef de la police de Téhéran, Hossein Sajedinia. Et d'ajouter – le torse probablement bombé – que les accusés auraient « avoué leur acte criminel ».
Une arrestation qui a évidemment fait réagir le chanteur du groupe N.E.R.D via Twitter : « C'est profondément triste, ces enfants ont été arrêtés pour avoir tenté de répandre le bonheur ». Il n'y a pas de quoi fanfaronner en effet, tant cette arrestation est affligeante et révèle une fois de plus ô combien la société iranienne étouffe sous les jougs des conservateurs au pouvoir.
Lancé en novembre dernier, le clip officiel du tube « Happy » suscite depuis l'engouement de milliers de personnes à travers le monde. Des versions bon enfant se sont alors multipliées sur le web, montrant les talents de danseurs de parfaits inconnus transformés en ambassadeurs de la bonne humeur.
It's beyond sad these kids were arrested for trying to spread happiness http://t.co/XV1VAAJeYI
— Pharrell Williams (@Pharrell) May 21, 2014
La nomination, en juin 2013, de Hassan Rohani, considéré comme un religieux modéré, à la tête de l'Iran, laisse pourtant espérer une ouverture plus grande de la République islamique à propos des libertés publiques. Un an plus tard, cet épisode aussi tragique que ridicule montre à quel point le chemin est encore long pour ce pays de 77 millions d'habitants. Les milieux conservateurs iraniens maintiennent leur pression sur le gouvernement, ne cessant de déplorer que les jeunes délaissent les valeurs islamiques pour se tourner vers un mode de vie plus occidental.