La veille de votre "sortie", vous voilà au comble de l'exaltation, entamant une petite danse de la joie en vous réjouissant de la délicieuse soirée que vous allez passer avec vos amis le lendemain. Mais ça, c'était la veille. Sauf qu'avant de prendre la décision finale de rester dans votre terrier, vous allez passer par toute une série de montagnes russes émotionnelles.
Cette phase intervient le matin, lorsque vous débordez d'énergie. Sautant de votre lit avec entrain (ou pas), fraîche comme la rosée du matin (ou pas), vous vous dites : "Chic, c'est ce soiiiiiiiir !". Mieux, vous envoyez un texto à vos amis pour leur signifier à quel point vous avez hâte. On appelle ça s'emballer. Grossière erreur.
Prise en étau par votre boulot, passablement agacée par votre boss, votre esprit lâche prise et vos projets de sortie commencent à s'éloigner doucement. Loin, de plus en plus loin...
Votre journée de labeur touche à sa fin. Et d'un coup, le coup de semonce : "Tu viens à quelle heure ce soir ? On se retrouve avant ?". Brusquement, la tension monte d'un cran, votre rythme cardiaque s'accélère et vous vous rendez à l'évidence : vous n'avez plus envie de sortir.
Boire, danser, papoter, draguer ? Tout cela semble au-dessus de vos forces. Vous êtes vidée de votre énergie vitale. Vous avez trop bossé, vous avez mal dormi la nuit dernière, et d'ailleurs, vous êtes bien trop vieille pour ces conneries. Vous commencez à envoyer un texto légèrement ambigu pour préparer le terrain : "Je suis siiiii fatiguée". Vous faites semblant d'y croire encore, alors qu'au fond de vous, déjà, vous savez que les jeux sont faits.
Tandis que vous êtes psychologiquement exténuée et grincheuse, votre cerveau joue à pile ou face. Vos neurones passent en quelques fractions de seconde d'un : "Tu peux le faire" à "Non, tu ne peux pas". L'indécision est à son comble et vous avez l'impression de devoir choisir entre un Big Mac et un Big Tasty. En gros, trancher est impossible.
Vous vous faites un café, mettez à fond votre compil' disco préférée, prenez une douche pour vous rebooster et buvez même une bière pour vous mettre dans l'ambiance. Le pire, c'est qu'à ce moment précis, vous y croyez. Fille candide, va.
Il va suffire d'une micro-brèche pour que votre belle énergie retrouvée s'affaisse d'un coup. Le texto d'une copine qui annonce qu'elle sera légèrement en retard, une autre qui ne retrouve pas l'adresse... Vous répondez en insistant sur le fait que vous ne vous sentez pas SUPER bien, que vous êtes VRAIMENT crevée, qu'il fait SI froid dehors. Non, décidément, vous n'êtes pas ULTRA-sûre de venir finalement.
Après en avoir rajouté quelques petite couches ("J'ai de la fièvre", "Je ne serai pas de bonne compagnie car j'ai vraiment passé une journée affreuse", "Je sens que je frôle la crise d'asphme"), vous attendez le coeur battant l'absolution de vos amis. S'ils ont le malheur de vous répondre : "C'est dommage, mais repose-toi...", c'en est fini.
Pour éviter d'être rongée par la culpabilité, vous débutez une gymnastique mentale. Pas de cocktails ce soir, c'est autant d'économies pour vous payer ce voyage à New York dont vous rêvez tant. Et puis vous avez vu vos potes la semaine dernière. Et puis vous serez en forme pour aller à la piscine demain matin. Du pragmatisme saupoudré d'une bonne dose de mauvaise foi, en somme.
Le moment-clé de ce parcours psychique du combattant : l'instant magique où vous enlevez votre soutien-gorge et enfilez votre pantalon de jogging cocon. Emmaillottée dans votre plaid, un paquet de chips au vinaigre à la main, le DVD de Grey's Anatomy dans l'autre, vous vous écrasez mollement sur votre canapé. Après toutes ces péripéties, vous vous sentez plus légère que jamais, prête à profiter pleinement de votre soirée de fatigue/flemme extrême. Adieu, monde extérieur cruel.