C'est Lara Lugli elle-même qui a raconté cette histoire, au quotidien italien La Repubblica, en mars dernier. Il y a deux ans de cela, alors âgée de 39 ans, la championne de volley est tombée enceinte, en pleine saison sportive. Les dirigeants de son équipe, le club de Pordenone, ont dès lors décider de la licencier sans préavis, l'accusant d'avoir dissimulé sa situation.
Et plus précisément, ne pas avoir informé ledit club à un moment crucial, puisqu'en plein milieu d'une saison sportive. Scandale parmi d'autres, la sportive ne recevra pas la moindre indemnité après avoir été congédiée. Quelques semaines plus tard, la joueuse sera victime d'une fausse couche.
Mais l'affaire ne s'arrête pas là. Deux ans plus tard, en février dernier, Lara Lugli recevait sa convocation au tribunal. Le club de Pordenone la poursuit, pour les raisons citées plus haut, et l'accuse d'un "préjudice", exigeant d'elle des dommages et intérêts. Des attaques qui ne laissent pas Lara Lugli impassible, loin de là.
Car là encore, l'histoire n'est pas terminée. Déjà, car le jugement qui concerne Lara Lugli sera finalement rendu en mai prochain. Ensuite, car par-delà sa décision abusive, le club de volley de troisième division serait en tort : il n'aurait pas attribué à volleyeuse le salaire du mois précédant son licenciement. Une somme équivalent à 2 500 euros, comme le souligne le journal Le Parisien.
Comme le rapporte le quotidien, "l'affaire Lara Lugli" fait déjà grand bruit en Italie. La sportive est devenue un symbole du sort réservé aux femmes, et notamment aux femmes enceintes, au sein du milieu sportif. "Comment peut-on reprocher à une femme de tomber enceinte en 2021 ? On a accepté trop de choses. La société doit arrêter de discriminer les femmes. C'est important que leurs voix se fassent entendre", explique la principale concernée.
Avant de poursuivre : "Je me suis sentie offensée comme femme et comme athlète. Ça m'a rendue furieuse". Des déclarations fortes qui suscitent un fort soutien national, mais aussi à l'international. Comme le développe le magazine en ligne spécialisé Sport & Business, de nombreuses voix sportives ont effectivement réagi.
C'est notamment le cas de l'Assist, l'Association nationale des athlètes féminines, qui tient à défendre les droits des athlètes féminines, en fustigeant par exemple la normalisation des clauses anti-maternité. "La maternité est un droit inaliénable des femmes, y compris des athlètes, et les clauses anti-maternité, qu'elles soient écrites ou verbales, sont trop souvent cachées", a épinglé à ce titre l'association. Une pratique hélas trop banalisée.
"La clause anti-maternité est la norme dans les contrats privés entre athlètes et clubs. Dans le sport, être une femme est une circonstance aggravante. Les femmes se voient, explicitement ou implicitement, refuser le droit d'être mères", déplore à l'unisson Antonella Bellutti, double championne olympique de cyclisme sur piste, au média spécialisé RMC Sport. C'est donc tout un système qu'il convient de revoir.