Vous la connaissez certainement pour ses performances remarquées dans des blockbusters (comme le second opus de la franchise Mission impossible), des films à Oscars (le drame Collision) ou encore des séries à succès (la production HBO Westworld). Elle, c'est Thandiwe Newton. Et non pas Thandie, comme peuvent l'énoncer les médias et l'industrie hollywoodienne depuis plus de deux décennies.
La comédienne d'origine zimbabwéenne par sa mère et britannique par son père, abondamment couronnée (Golden Globes et Emmy Awards sont notamment venus récompenser son talent au fil des années), évoque aujourd'hui sa cause toute personnelle dans le cadre d'une interview donnée au magazine British Vogue : se réapproprier son véritable prénom, d'origine zimbabwéenne. "Thandiwe est mon nom. Ça a toujours été mon nom. Je reprends ce qui est à moi", déclare-t-elle. Prononcez : "Tanediwé".
Au sein de l'entretien, Melanie Thandiwe Newton de son nom complet explique que cette erreur orthographique, consistant à simplifier son prénom en "Thandie", la suit depuis ses premiers rôles au tout début des années 90. Le "w" de son prénom a peu à peu été "avalé, dissimulé loin des yeux et des oreilles, dans un espoir dérisoire de la faire se sentir moins différente", comme le note Vogue. L'artiste de 48 ans voit là une forme de "négligence" systématique.
Tout au long de cet échange, elle évoque au magazine Vogue l'importance d'être plus indépendante au sein d'une industrie hollywoodienne qui "objectifie les Noirs". Elle aborde la nécessité de ne pas être complice d'une forme de racisme normalisé en privilégiant des entreprises "où l'on voit vraiment". En ce sens, la réappropriation de son prénom est une manière d'affirmer son identité, sa singularité, sa différence, et aussi sa condition de femme noire au sein d'une sphère culturelle loin d'être exempte de discriminations.
Un engagement qui inspire la Toile. Sur Instagram par exemple, bien des internautes partagent leur admiration face à la Une rougeoyante et classieuse du magazine de mode, sur laquelle elle figure. "C'est une actrice de génie, une beauté, elle est courageuse, et renvoie les hommes de l'industrie à leur merde misogyne", "Vogue n'affiche vraiment que des icônes", "Superbe couverture !", s'exclament lecteurs et lectrices à l'unisson. La revue quant à elle voit en la vedette "l'un des moteurs du changement de l'industrie" et applaudit son "activisme".
Pour la comédienne, par-delà le racisme, libérer la parole au sujet du harcèlement sexuel ou encore des inégalités salariales à Hollywood est également fondamental. Mais pas toujours très évident, même après quatre années de luttes #MeToo au sein de l'industrie du spectacle. "Même si les gens savent qu'ils peuvent s'exprimer maintenant, il éprouvent toujours cette peur de perdre leur emploi. Je veux dire littéralement, on leur répond encore : 'Il y a quelqu'un d'autre qui pourrait prendre ce poste, si vous n'êtes pas heureux.se !'. Je pense que les dirigeants de studio doivent prendre beaucoup plus de responsabilités", tacle l'artiste.
Une voix libre donc, et sans concessions.