Fini le temps où chaque employé·e possédait son propre bureau. Depuis ces quatre dernières décennies, les entreprises européennes privilégient les open spaces ("espace ouvert"), ces vastes pièces dans lesquelles tout le monde partage son bureau. La France n'échappe pas à cette tendance.
Développé aux États-Unis dans les années 1950, l'open space entend favoriser l'échange et la convivialité entre les différent·es employé·es qui le partagent. Sur le papier, cela semble en effet plus logique de nouer des relations plus rapidement et de travailler plus efficacement avec des personnes situées tout près de nous.
Pourtant, plusieurs études menées au cours de ces dernières années viennent contredire cette affirmation. En juillet dernier, une étude menée par deux professeurs de la Harvard Business School a prouvé que le travail en open space est loin de favoriser la communication.
Les tests ont été réalisés sur 52 employé·es. de l'une des 500 plus grosses entreprises américaines. Chacun·e était muni·e d'un microphone pour évaluer le niveau d'interaction avec ses collègues. Au cours de l'expérience, les volontaires ont travaillé dans des bureaux individuels fermés, puis dans un bureau collectif.
Les résultats ne laissent pas planer l'ombre d'un doute : à bureau ouvert, le niveau de conversation est réduit de 73%, tandis que le nombre d'emails envoyés entre collaborateurs et collaboratrices croît de 67% et de 75% pour les discussions en messagerie instantanée.
"Plutôt que de susciter une collaboration en face-à-face de plus en plus dynamique, l'architecture ouverte des bureaux a semblé déclencher une réaction humaine naturelle pour se retirer socialement de ses collègues de travail et interagir plutôt par courriel et messagerie instantanée", notent les auteurs de l'étude Ethan Bernstein et Stephen Turban.
Une autre étude dévoilée en 2013 a d'ailleurs montré que travailler au sein d'un open-space altère la concentration et la productivité. D'après ces travaux réalisés par le cabinet d'architectes et de design américain Gensler auprès de 2 035 salariés, 75% des quelque 2 000 employé·es sondé·es estiment qu'ils sont inefficaces lorsqu'ils travaillent dans un espace commun.
Quand ce n'est pas le téléphone du voisin qui sonne, c'est la voisine et sa façon frénétique de taper sur le clavier qui nous déconcentrent. Le fait de travailler côte à côte à longueur de journée pousse donc souvent à se reclure dans une sorte de bulle pour s'octroyer un peu d'intimité.
Ces estimations se vérifient chez nous : le baromètre 2017 de l'observatoire Actineo sur la qualité de vie au bureau a révélé que 57% des habitant·es de l'Hexagone souhaiteraient posséder leur propre bureau. Là encore, la nuisance sonore et le manque d'intimité figurent en tête de liste des arguments "anti open space".
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